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New PS - Sympathy for the Grotesque
10 octobre 2010

PANIC ROOM ****

6a0133efa5aabe970b0133efa5ae5c970b_800wi4sur5 A sa sortie en 2002, Panic Room est bien vite estampillé ''film à pitsch'', son concept reposant sur un phénomène de société notable, le sentiment d'insécurité des classes aisées. Ce huis-clos maniériste, esthétisant et délétère sera mal considéré par la critique. Après s'être offusquée de la farce fascisante Fight Club, elle reproche à David Fincher, et c'est d'une hypocrisie monumentale, d'être, soit moins ambitieux et audacieux qu'antérieurement, soit un formaliste dont l'esbroufe n'est qu'un cache-misère.

 

Elle n'a pas tout à fait tort, le vernis de Panic Room est celui d'un divertissement d'ampleur et le film l'un des sommets du genre (de toutes les années 2000, combien de thriller ausi haletants que celui-là ?). Au-delà, la structure du film est plus classique qu'auparavant (Whitaker notamment, fait très caution morale dans son rôle de bandit à demi-repenti). La présence de David Koepp au scénario est le gage d'une narration rutilante et sans temps mort, vraisemblablement à défaut d'originalité (effectivement pour Fenêtre secrète ; vraisemblablement pas pour Snake Eyes, parce que le script impeccable devenait un outil propice au penchant pour l'expérimentation formelle de DePalma – l'idéale combinaison appelée à se reproduire ici). Et puis il y a Jodie Foster, et c'est un argument monumental (sauf que Flight Plan et Inside Man restent de gentils gros films ennuyeux). Enfin, Kristen Stewart (Bella de la saga Twilight) en garçon manqué, c'est si rétrospectivement surréaliste que le film a valeur de précieux documentaire.

 

David Fincher a fait un survival urbain, sans antécédent sérieux et frontal dans le cinéma mainstream (hormis peut-être les deux opus de Die Hard réalisés par McTiernan). Panic Room est totalement en phase avec son époque, celle d'une réalité paranoiaque et d'une real Tv concentrationnaire (un jeu ou les fauves sûrs d'eux deviennent des pions sacrifiés – l'un des trois bandits mourra au cours du cauchemar). Dans cette perspective, la stylisation extrême sied parfaitement au film : la caméra est si omnipotente que sa présence se rappelle à nous. La grammaire spatiale de Panic Room est inhumaine et, en cela, effectivement avant-gardiste : son architecture étouffante cercle des zombis animés malgré eux, et c'est sans doute le vrai sujet du film, réflexion sur l'image digne de l'Hitchcock le plus abusivement conceptuel.

 

panicroomL'intimité dans ces lieux devient grotesque, incongrue (les actes banaux des personnages sont l'objet de l'attention, ce dont eux n'ont aucunement conscience, pas plus que la menace qui pèse sur eux). Sous le béton, on ne vous entendra pas crier : on vous observe simplement frémir. On pourrait voir Panic Room comme un reflet moderniste de Blue Velvet : la différence, c'est qu'ici la noirceur d'un monde caché ne s'expose pas au monde sensible par une bascule au-delà des apparences, mais à cause de ces apparences elles-même. Le final rappelle également celui du film de Lynch, en beaucoup plus ouvertement ''faux'' : la légèreté retrouvée est un encart désuet dans un monde ultra-surveillé et réglementé.

 

Avec The Game, Panic Room (ses deux ''thrillers'' donc) est le plus mésestimé des Fincher, alors que dans ces exercices de style apparemment plus lisses, Fincher se lâche comme jamais, découvrant une élasticité nouvelles aux codes du genre. De là à dire que le cinéaste était un visionnaire, il n'y avait qu'un pas que Zodiac stoppera net. Panic Room est sans doute le point de rupture de l'oeuvre, c'est d'ailleurs le dernier à faire la démonstration de la griffe unique du designer (issu de la publicité lorsqu'il confectionne Alien 3). L'atmosphère et l'habillage excessivement sombre, une constante chez Fincher, disparaîtront eux aussi avec le tournant Zodiac. Avant la décrépitude, la séance du samedi soir coup-de-poing de Fincher se révélait, peut-être un peu malgré elle, première fiction post-11/09.

 

 

 

 

PANIC_ROOM_affPanic Room**** (8+/10)  Acteurs*** Scénario*** Dialogues*** (cultissime "Sortez de ma putain de maison") Originalité*** Ambition**** Audace**** Esthétique***-* Emotion*** Musique**-*

Notoriété>70.000 sur IMDB ;

Votes public>6.9 sur IMDB ; USA : 6.7 (le plus faible de Fincher avec B.Button) ; France : 6.8 (allocine)

Critiques presse>USA : 6.5 (metacritic) ; France : 6.5 (allocine)

Note globale = 7- (3/5)

 

David Fincher réalisateur... Alien 3 + Se7en + The Game + Fight Club + Zodiac + L'Etrange Histoire de Benjamin Button

David Fincher... Indiana Jones et le Temple Maudit + L'Histoire sans Fin + Dans la peau de John Malkovich

Kristen Stewart... Saga Twilight + Into the Wild + Les Messagers/frères Pang + Jumper

David Koepp... Hypnose + Fenêtre Secrète + La Mort vous va si Bien + Snake Eyes + Mission:Impossible + La Guerre des Mondes + Trilogie Spider Man

Huis-clos... Saw + Saga Saw + Phone Game

Thriller sous haute tension... Copycat + Le Collectionneur

Thriller débridé... Kalifornia + Les Nerfs à Vif/Scorsese

Blockbuster passe-partout finalement mal estimé... Hollow Man, l'homme sans Ombre

Suggestions... Hannibal + Fenêtre sur Cour + Batman Begins + Memento + The Machinist

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Commentaires
C
Heureuse de voir ici tous ces avis enthousiastes sur ce film, que j'ai moi aussi aimé, alors qu'il a été assez mal jugé par les critiques.
W
Huit-clos efficace et divertissant.
2
J'ai dévoré ta critique d'une part par ce que je suis totalement d'accord avec toi, et d'autres part parce que tu ouvre une piste de réflexion (TV réalité) qui me semble vraiment pertinente et très cohérente. Un grand bravo à Fincher et à ton excellent billet.
A
Pas le meilleur de Fincher, je n'aurais peut être pas été aussi enthousiste que toi. En tout cas j'avais passé un bon moment, un bon suspens bien dosé.
M
Aaaaahhh... Ca fait plaisir de voir tant d'enthousiasme face à ce Panic Room en effet trop mésestimé. Un thriller très efficace, à la réalisation parfaite et une interprétation sans faille, il est magnifique de voir à quel point Fincher nous emmène loin dans son histoire pourtant très basique.
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