30 JOURS DE NUIT [3]
1sur5 Ersatz de la Tempête du Siècle, 30 days of night n'est qu'un [long] survival chiant comme la mort, mais ce serait imprécis de s'arrêter à une expression aussi facile et imagée ; non, 30 jours de nuit est aussi insipide qu'une quelconque mise à mort de victimes innocentes mais ô combien compatissantes [pas moins que les spectateurs et soucieuses de faciliter la tâche de tout le monde, s'exécutant alors en allant droit au but après quelques faux-écarts] au sein de n'importe quel navet horrifique lambda.
C'est d'autant plus regrettable qu'au départ, le film déploie les bases d'un arsenal scénaristique plutôt accrocheur, pour se noyer bientôt dans la banalité inhérente à ce pans parmi les plus pauvres du genre qu'est le film de zombi. Encore une histoire de gloire montante, de petite maline mal née mais sûre d'avoir son mot à dire, qui dès lors qu'elle a égarée son stock de poudre aux yeux, n'a plus qu'à s'en retourner chez les siens. Le pire est que 30 days préfèrera rester dans ce costume mille fois trop grand pour elle. A cela le final, plus con encore que la lune malgré les apparences atténuantes, atteste définitivement des visées de ce grand navet universel porteur d'un message voulu désespéré, peut-être ambigu, voir même... bouleversant.
Cousin donc de l'adaptation de Stephen King, le film de David Slade [Hard Candy, le prochain Twilight 3] réemploie le contexte de la ville isolée, du microcosme hors du monde au train de vie pittoresque (un mois d'une nuit sans interruption chaque année), de l'inquiétant et messianique prisonnier (unique capture des parodies de shérifs locaux) aux propos byzantins....
Mais quand ce dernier côtoyait le fantastique pur pour ménager une peur primale, 30 jours de nuit accumule les lieux communs, les dialogues foireux dégoulinant d'une candide foi en leur intelligence, les personnages approximatifs, pour ne développer aucun point de vue et enfin, dans un élan de grâce, accoucher d'un propos niais qu'on risque fort de louper tant il vise bas. Pour servir tout cela, une mise en scène pompeuse et passe-partout, des zombies nourris à la séance MTV de clips black métal, une troupe d'acteur for-mi-dable et consciente des enjeux, prête à encourir le risque de nourrir le best-of des plus belles gueules d'abrutis de son année, et l'affaire est jouée !
Bref, 30 jours de nuit usurpe sa réputation et n'insuffle rien ni au domaine du survival ni à celui du zombi. Technicien apprêté se rêvant cinéaste didactique, Slade réussit au mieux à souligner combien le terrain ou il met les pieds est définitivement cloisonné, n'affirmant aucun style propre au terme de vains efforts. Une ou deux idées immatures et plantées ici et là au milieu d'un cadre balisé ne font qu'enfoncer le clou : 30 jours de nuit n'est qu'un produit calibré comme tant d'autres pour un public ado, rêvant d'honneurs mais gangrené par sa profonde timidité, son cahier des charges modeste et consensuel le rappelant sans cesse à l'ordre et à sa triste réalité.
30 days of night * Acteurs*-* Scénario** Dialogues* Originalité* Visuel** Ambition*-* Audace* Emotion*
Notoriété>50.000 votes sur IMDB ; 2.500 notes sur allociné
Votes public>6.6 sur IMDB USA : 6.7 (metacritic) ; France : 6.0 (allociné)
Critiques presse>USA : 5.3 (metacritic) ; France : 4.3 (allociné) ; UK : 5.2 (screenrush)