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New PS - Sympathy for the Grotesque

16 décembre 2011

ALIEN, LA RESURRECTION *** (ALIEN 4)

alien42ig54sur5  Puisque le film de Fincher achevait en apothéose la plus fameuse mythologie de la SF, c'est probablement à des caprices de studios qu'est due l'existence de ce quatrième opus de la saga ''Alien''. Le programme est faste et musclé, à la fois dans la lignée des envolées quasi mystiques d'Alien 3 [pour preuve, ce scénario misant sur un improbable retour à la vie de Ripley, clonée avec son bébé deux cent ans après les événements connus] et relativement proche d'Aliens le retour dans sa pétaradante chasse aux monstres.

 

Le projet a cette fois été confié à Jean-Pierre Jeunet, or celui des 90's était un auteur remarqué et remarquable ; les producteurs de la franchise importent ainsi un génie graphique éprouvé sur La Cité des Enfants Perdus et Delicatessen. Paradoxalement, la rencontre de la ''french touch'' et des contraintes du blockbuster américain crée un équilibre parfait [assuré par Marc Caro autrefois], évitant à Jeunet de sombrer dans l'imagerie d'Epinal comme ce sera le cas plus tard. Le réalisateur n'est cependant pas tant cadenassé, Alien 4 revendiquant un réel décalage vis-à-vis de ses prédécesseurs. Les libertés prises avec l'édifice abordé, l'opportunisme [ces trucs ''trop gros'' mais qu'on laisse passer, tout heureux d'être gratifiés d'un spectacle aussi généreux et chevaleresque] voir les facéties de l'esprit général, confinent à un ''second degré'' inconnu de la saga [sauf, à la rigueur, Aliens 2...].

 

ALIEN_4_aquaA la limite de la farce, Alien resurrection ne se contente pas d'afficher crânement sa décomplexion, mais vise manifestement l'éblouissante conclusion. Il n'y a pas ici l'ambition qui émanait d'Alien 3, Jeunet préférant manifestement l'accomplissement par la conciliation au cahier des charges [qui accabla tant Fincher]. Stylistiquement, le film n'a donc rien à lui envier et surtout le scénario y est impeccable, intense et fluide car sans trouées, sans zones de floues. Jeunet atteint des sommets formels ; jamais les créatures n'auront été si abouties esthétiquement parlant et surtout le film est bardé de gimmicks cultes, comme cette impressionnante et tendue séquence aquatique ou l'étrange antre accueillant la réunion de famille [somptueuse vision de la chrysalide].

 

ALIEN_4_0Le personnage d'Ellen Ripley est premier bénéficiaire de cette propension à l'esbroufe. A l'inverse de ses camarades globalement peu ambivalents, simples caricatures étoffées, la reine-mère subjuguée par son croisement en GI Joe/athlète fatale conserve non seulement une autorité auprès des aliens, mais aussi sur la ''mythologie'', puisqu'elle est la seule à l'observer avec un regard absolument emphatique [sa relation à l'alien est la seule parcelle ou l'émotion rivalise, quitte à prendre de l'avance sur le spectaculaire].

 

De l'entertainment de haut-vol jouissant d'un soin inoui et surtout du talent et de la grâce qui manquaient à Aliens le retour, ce ventre mou à la fade virtuosité. Les deux cross-over impliquant les codes du Predator ne garderont d'ailleurs que cet esprit récréatif commun aux deux des plus ''bankable'' et ''américains'' des épisodes de la quadrilogie. Mais c'est une autre histoire puisqu'il n'y aura, pour de vrai cette fois, plus que des techniciens à s'y atteler.

 

 

alien_4_afficheAlien resurrection*** (8-/10)  Acteurs***-* Scénario*** Dialogues**-* Originalité*** Esthétique**** Ambition*** Audace*** Emotion***

 

Notoriété>65.000 sur IMDB ; 7.000 sur allociné

Votes public>6.1 sur IMDB (légère tendance non-US) ; USA : 6.2 (metacritic) ; France : 7.0 (allociné)

Critiques presse>USA : 6.3 (metacritic)

Note globale = 6+ (3/5)

 

Saga Alien sur PS.... Alien le huitième passager + Aliens le retour + Alien 3 + Alien vs Predator

Jean-Pierre Jeunet sur PS.... La Cité des Enfants Perdus + Delicatessen + Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain + Micmacs à tire-larigot

Suggestions.... The Cell + Hellraiser IV, Bloodline + La Mutante

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9 décembre 2011

8MM HUIT MILLIMETRES ***

8_MM_24sur5 On a toutes les raisons d'aller à reculons vers 8 mm. On redoute vers quelles eaux troubles ce film nous engagera et la peur éprouvée est notamment celle de la forme qu'empruntera la réponse éthique au sujet abordé. Avec Joe Schumacher, ce vieux réac prêt à tout pour valider votre Droit de tuer, elle pourrait bien être aussi glauque et inacceptable que ce qu'elle épingle, ou à défaut subtilise simplement. Surtout que manifestement et à l'instar du héros de son film, Schumacher a dégotée la grosse affaire.

 

Huit millimètres met en scène un détective privé incarné par Nicolas Cage chargé d'attester -ou pas- de la véracité d'une vidéo qu'une veuve a découvert dans le coffre de son défunt époux. Sur celle-ci, filmée dans des conditions rustiques, les sévices d'une jeune femme : viol puis meurtre. Si les sévices étaient réels, il s'agirait d'un snuff-movie, mais ce dernier est généralement tenu pour une légende urbaine : tout ne serait que mise en scène et il n'y aurait pas de snuffs ''authentiques''. Ou alors, dans quelle sphère ?

 

Qu'une telle thématique ait pu atterrir sur les écrans de ''mr-tout-le-monde'' étonne, que le film ait été rejeté en bloc par la critique et sans doute l'intelligencia de façon générale, beaucoup moins.  Pourtant Schumacher est loin de délivrer un produit racoleur, loin aussi de tout mélanger [contrairement à une large frange de ses détracteurs dont les arguments se contredisent, en particulier autour de la dualité ''voyeurisme/complaisance'' et ''idéologie fasciste'']. Il y a dans 8 mm et comme toujours chez Schumacher, ce mépris pour les ''ordures'' de la société [l'ex de la victime, en prison au moment de l'enquête de Tom Welles/N.Cage] en même temps qu'une compassion pour la misère humaine [la mère de Janett] qui permettent le doute. Mais le regard de Schumacher n'est en rien condescendant ou sentencieux envers les rebuts, les marginaux. Schumacher cherche même à instaurer la sympathie pour certains de ceux-là, faisant d'un petit vendeur de sexe le collaborateur du détective. Lorsque Tom Welles arpente les braderies du hard dans le but de joindre le marché du snuff, les pervers notoires réagissent brutalement à ses demandes obscures. De même, nous ne sommes plus dans le domaine de l'art SM ou d'un porno radical : Schumacher normalise presque la ''déviance'' en la séparant clairement du snuff.

 

8MM_1Néanmoins ici tout est noirceur et le scénariste de Seven ne trahit pas sa réputation. Mais sa mécanique est épurée. Pas de rebondissements inutiles [la famille de Welles ne sera pas prise en otage, son compagnon ne retournera pas sa veste], pas de ces astuces esbroufeuses que nombre de thriller US à sensation, bien que plus passe-partout, n'auraient pas hésité à user. Pas de twist sauvage non plus. Il y a une surenchère dans le glauque, il y a aussi ces images hyper-réalistes suggérant les snuffs, recours que Schumacher aurait pu esquiver totalement. Mais si l'enfer est sophistiqué à l'excès [Schumacher s'abandonne totalement à son film], le traitement de la violence n'est en rien esthétisant. Le grand-guignol, s'il y est, ne relève pas de l'exotisme. 8 mm est une autopsie, un voyage au bout de l'horreur. Pour de vrai.

 

Ca n'a rien de démagogue. Personne n'en sort vainqueur, personne ne trouve grâce à nos yeux [à l'exception de ''l'allié'' de Cage] : 8 mm a surtout le ''bon goût'' de garder ses distances avec le personnage principal [malgré qu'il présente sa famille comme son seul refuge, mais là encore, cette ''grande erreur'' n'en est pas tant une, puisque celle-ci est malmenée par le héros]. Schumacher ne permet pas qu'on s'y attache sereinement et à cet endroit, toutes les accusations de complaisance s'effondrent. Tom Welles, lorsqu'il s'enquiert de venger la victime torturée huit ans plus tôt, démontre clairement qu'il cherche à justifier des pulsions qu'il ne peut plus contenir, parce qu'elles crispent ses limites morales, sa résistance à l'abject. Le moyen par lequel il se cautionne [il réclame une autorisation] n'était pas indispensable. Schumacher a refusé le leurre, et peu vont au bout de la souffrance, peu remuent les plaies jusqu'à ne laisser aucun doute : les méchants sont atroces, c'est vrai, Welles aussi est monstrueux. Ce pessimisme, proche d'une négation de la théorie de la ''nature humaine'', ne permet aucun double discours.

 

Tout manichéisme est balayé. Il n'est laissé aux tueurs aucune possibilité de rachat ; persuadés que le meurtre organisé est le crime suprême, Schumacher et son scénariste considèrent probablement qu'il s'agit d'un stade ou plus rien n'est à juger ou à excuser. Mais cela n'occulte pas la nuance et la façade humaine de ces personnages : ils ont ce que la dite humanité contient de plus terrible en elle, ils sont aussi des sujets sinon d'une banalité déplorable, aux atours et aux vérités triviales [l'exemple, démonstratif certes, de Machine]. Ces deux notions s'enlacent. 8 mm grignote peut-être des frontières éthiques [mais c'est à revoir, à mesurer], peut-être que ce qu'il montre devrait davantage être tenu en laisse. Il regarde l'Homme sans allégeance et cette posture est la plus intègre qui soit.

 





8_MM_AFFICHE8MM*** Acteurs*** Scénario*** Dialogues*** Originalité*** Ambition*** Audace*** Esthétique*** Emotion*** Musique***

Notoriété>50.000 sur IMDB ; 2.500 sur allociné

Votes public>6.3 sur IMDB (tendance non-US ; légère 18-29) ; USA : 6.0 (metacritic) ; France : 6.5 (allociné)

Critiques presse>USA : 1.9 (metacritic – moy.pondérée – pire f.de Schumacher) ; France : 3.0 (allociné)

Note globale = 5 (2/5)

 

Joel Schumacher sur PS.... Le Fantôme de l'Opéra + Phone Game + L'Expérience Interdite + Le Client + Batman Forever (B3) + Bad Company + Batman&Robin (B4) + Le Droit de Tuer ?

Nicolas Cage sur PS....   Sailor & Lula + Les Associés + Kick-Ass + Family Man

6 décembre 2011

TOOLBOX MURDERS ** (** parce que je suis gentil et que ça rend mon article encore plus condescendant)

toolbox_murder_12sur5 Annoncé par ses fans comme le grand retour de Tobe Hooper vers la qualité, considéré comme le métrage qui l'aurait sorti de l'oubli et son meilleur film depuis ses deux classiques [Massacre à la tronçonneuse et Poltergeist], Toolbox Murder permet d'être fixé : il manque définitivement aux fabrications de Hooper l'ampleur qui ferait de leur auteur un cinéaste. Ses produits à la linéarité coupable attestent, au mieux, d'aptitudes de bon faiseur parfaitement anecdotique.

 

Remake dont le modèle se traîne une réputation pitoyable et n'a en rien marqué les cinéphages accrocs du genre, Toolbox Murder n'est pas excessivement médiocre, c'est même une gentille série B, un peu plus sophistiquée et maîtrisée que la moyenne. Mais en aucun cas un tel métrage, juste ''regardable'', ne laisse deviner l'ombre d'un mythe. Le pitsch est sans intérêt et on voit que l'écriture, pour Hooper, n'est qu'une besogne à accomplir : les dialogues sont niais, les personnages pas mieux, ce ne sont que des coquilles vides typées au burin dont les déambulations outrées [le concierge attardé, la fille d'en face émigrée de Babe 2, le délinquant d'à côté : le petit théâtres des tarés qu'on vous dit] sont censés donner une touche ''strange'' à l'étage maudit ou Angela Bettis [l'inoubliable May du film éponyme] se sent prise au piège. Aussi mal servie que les autres, son personnage, qu'elle assume admirablement soit dit en passant, a ce petit côté Marina Fois (refoulée) du macabre qui crée un décalage sympathique.

 

L'avalanche de petits mystères, de sinistres phrases en l'air et prédictions bidons n'est pas ce qui fait de Toolbox Murder un film à peu près potable ; l'éventuel pouvoir d'attraction du film repose entièrement sur l'ambiance. Pas de génie là non plus, mais suffisamment de matière pour susciter un certain plaisir d'esthète : Hooper en fait des tonnes avec le contexte claustro et ça marche, l'univers qu'il nous présente, à force d'esquiver de façon globale la lumière du jour [au sens propre – mais ou sont passées les fenêtres ?], possède un charme indéniable.

 

Saignante et banale, la seconde partie apporte son lot de révélations attendues, absolument mal foutues, mais l'investissement d'Angela Bettis, l'incongruité assez cheap de l'antre du tueur et le rentre-dedans général, haut-en-couleur quoiqu'absolument désuet, permettent à Toolbox d'esquiver les méandres derrickiennes. Tout ça est sympathique, généreux parce que démonstratif et en même temps terriblement modeste à cause de sa condition. Mais au fond, c'est assurément ce que Tobe Hooper, sans coup de pouce d'institutions supérieures [l'inconscient collectif ou Spielberg], peut faire de mieux. Un bidule bien fagôté pour une dernière partie de soirée, se contemplant avec un plaisir aléatoire et une absence globale de frémissement.

The Toolbox Murders**  Acteurs** Scénario* Dialogues* Originalité* Ambition** Audace** Esthétique** Emotion**

 

Notoriété>4.000 sur IMDB ; 50 sur allociné

Votes public>5.5 sur IMDB (légère tendance US) ; France : 3.7 (allociné)

 

Tobe Hooper sur PS.....  Massacre à la tronçonneuse + Poltergeist

Angela Bettis sur PS.....  May

 

 

4 décembre 2011

FAMILY MAN

family_man_10sur5   Soyons clairs, que le compteur soit au point mort pour Family Man, il y avait de quoi s'en douter à la vue de son pitsch : un malheureux ayant écouté ses ambitions a oublié la famille et l'éventualité de connaître les bonheurs de la vie simple. On connaît le refrain. Les couplets seront sans surprise.

 

Réalisateur de la trilogie Rush Hour, dont il venait de signer le premier opus avant de mettre en boîte Family Man, Brett Ratner est un réalisateur éclectique. Dans son cas cela signifie qu'il met sa virtuosité au service de daubes qui ne se ressemblent pas, parce qu'elles se rattachent à des genres différents, voir antagoniques. Il s'est ainsi fabriqué un CV très cohérent : tous ses films se répondent parce qu'ils sont laborieux ou sans ambitions chacun dans leur domaine. Dragon Rouge sera la seule exception à la règle, au résultat assez contradictoire, puisque c'est justement parce que Ratner ne s'approprie pas le mythe d'Hannibal Lecter que celui-ci se permet de défiler tranquillement à l'écran ; le prologue trouve un écrin classique qui ne se mêle jamais d'investir son sujet, laissant ce dernier libre de ses mouvements.

 

FAMILY_MAN_2Un yes-man qui s'incline devant les impératifs qu'on lui confie ; pas de sa faute, donc, lui n'est là que pour appliquer. L'idée de Family Man repose sur le principe du ''et si'', hérité de La Vie est Belle de Frank Capra, classique absolu aux USA, culturellement (presque ?) aussi important que Le Magicien d'Oz. Le script du film de Capra a inspiré beaucoup de versions sirupeuses, consensuelles [tout récemment, Shrek 4] et pourquoi pas, allègrement réac. C'est le cas ici ; comme on le devine rapidement, ce n'est plus que du bonus, on s'amuse à repérer les outrages conservateurs, les séquences les plus limites, etc. [un peu comme devant Ce que veulent les femmes, hallucinante démonstration de mysognie].

 

Le soir de Noël, Jack Campbell [Nicolas Cage, look passe-partout pour une fois] perd connaissance et passe dans une autre dimension. Il se retrouve père de famille et marié à Kate, qu'il aurait du il y a une quinzaine d'années rejoindre après son voyage à Londres. Mais la vie en décide autrement, n'est-ce-pas, et Jack est resté à Londres plus d'un an, devenu depuis directeur d'un cabinet de conseil en affaires à Wall Street. Comme il en a de la chance : aujourd'hui, grâce à un ange gardien black, Jack a les cartes en mains pour éviter de devenir un personnage respectable et solitaire. Dans cet univers ou il n'est jamais parti pour Londres, il est vendeur de pneus, ses amis sont des gentils gars de la campagne et sa garde-robe c'est du 100% gros pull à laine agrémenté de motifs particulièrement élaborés, du genre sapin de Noël, paysages bucoliques en 1D etc.

 

FAMILY_MAN_3Pendant un long moment, Nicolas Cage est notre balise de secours [couplé à notre curiosité de le voir se démener aux côtés de Téa Leoni dans un cadre si répugnant]. Son regard cynique sur la réalité nouvelle qu'il subit maintient encore une distance avec celle-ci. Il finira bien sûr par céder à la mélancolie pour cette vie ratée qui lui apparaît bientôt attendrissante [assumant alors son impuissance effective dans le contexte de ''la petite vie'']. Le film ne rate rien : on se moque des gens de Wall Street, des urbains, prétentieux et vains, nus sans leurs habitudes ''péteuses'' [genre : Jack veut s'acheter un costume : non, chéri, prends-toi plutôt un morceau de chouquette, ça coûte pas cher, mais ça, c'est un VRAI moyen de te mettre le coeur en fête !]. En substance, des incapables sitôt qu'ils seraient en-dehors de leur élément.

 

Bref, de l'avenir faisons table rase. Au-delà de la nullité du programme, tout est d'une platitude incroyable et rien ni personne ne vient signaler à Ratner qu'il serait intéressant de dépasser la simple idée du postulat de départ. Un moment caustique, un seul, lorsque Jack Campbell dresse le portrait de ses anciens confrères, ou plutôt de ses confrères du monde parallèle. Caustique sur le papier, bien sûr, ou dans le principe. Pour le reste, c'est juste une comédie drama-fantastique atteignant des sommets de mièvrerie complaisante. Humour familial rase-motte et écoeurant, limite malsain ; comment supporter la vision d'un film cherchant à vous divertir avec un gros-plan sur le sexe-rigolo d'un bébé urinant en l'air (et accessoirement tout près du visage de son père), tout en évacuant avec l'empressement d'une vierge offensée l'idée de l'adultère (incarnée comme une véritable perversion par une esthéticienne de ''mauvais goût'' – une débauchée, une femme ''qui cherche'', c'est ça non ?).

 

FAMILY_MAN_4Il aurait été absurde d'attendre de voir ici l'ombre d'un Spike Jonze, mais de là à ne rien exploiter du potentiel énorme qui s'offre au film, il y a un monde. Ce fossé est indéniablement creusé par des exigences qu'on ne saurait nommer. Qui a écrit ce ''truc'' ? Une ménagère icônisant Sarah Palin ? Est-ce un plouc aux manettes ?

 

Au fond (et il n'y a pas besoin d'allez chercher loin), ce film méprise profondément ''ses sujets''. Family Man, c'est Hollywood qui vous dit qu'elle vous aime comme vous êtes, que c'est pas grave, et que c'est même très bien pour tout le monde que vous demeuriez au stade ou vous en êtes. C'est faire croire aux foules qu'elles ont tout pour être heureuses alors qu'elles n'ont que le minimum [alors qu'on sait que si elles s'en satisfont, c'est soit pour de faux -une posture sociale, soit parce qu'elles ne connaissent rien d'autre -un manque, social].

 

Le film esquive le pire au bout de ses deux-tiers pour se tourner vers une histoire d'amour plus neutre. Il s'agit alors de tenter de rattraper un amour qui pendant quinze ans s'est oublié [au péril, encore, de la réussite]. Le film ne prêche alors le bonheur du foyer qu'en sourdine ; le bonheur n'est pas seulement au foyer, il est aussi dans l'amour. On a vu ça mille fois, c'est asséné avec une finesse de bulldozer [l'aéroport lieu de tous les sévices oratoires]. C'est un peu mieux (ou moins pire, plus ordinaire et plus ''normalisant'' en somme). Mais pourquoi faut-il forcément accepter une vie modeste, le sacrifice de ses rêves et un taux d'épanouissement à zéro par amour [et pour le désir, toujours explicité, de fonder une famille, etc. -les fioritures autour-] ? Pourquoi, lorsque Jack tente de retrouver Wall Street par la petite porte et [SPOILER] lorsqu'il le retrouve concrètement, doit-il renoncer à ses ambitions par amour ? L'amour, c'est se vider pour l'autre ? C'est tout abandonner de ce qui fait ce qu'on ''est'' ; et s'offrir ainsi, comme une copie blanche docile et soumise ?

 



 

family_man_afficheFamily Man°  Acteurs*** Scénario* Dialogues** Originalité° Ambition° Audace° Esthétique° Emotion° Musique°

 

Notoriété>35.000 sur IMDB ; 1.500 sur allociné

Votes public>6.6 sur IMDB ; USA : 6.5 (metacritic) ; France : 7.3 (allociné)

Critiques presse>USA : 4.2 (metacritic) ; France : 4.5 (allociné)

Note globale = 6 (3/5)

 

USA, deux pieds chez les bouseux, le coeur et la tête à droite sur PS.... La Proposition + Ce que veulent les femmes

Brett Ratner sur PS.....  Scarface-1984 + Dragon Rouge

Nicolas Cage sur PS...   Sailor & Lula + Kick-Ass

Téa Leoni sur PS....    Deep Impact

Aéroport sur PS.....   In the Air

Noel sur PS..... Tokyo Godfather + Joyeux Noel

25 novembre 2011

TERMINATOR 2, LE JUGEMENT DERNIER *

1sur5 Le premier ''véritable'' film de Cameron, Terminator, est une oeuvre précurseuse et post-moderne au sens littéral, puisqu'à la lisière d'une imagerie un peu repliée sur son époque et de tout ce qui se fera dans la décennie à suivre. Si on ne connaissait de lui que ce joli coup, on estimerait qu'il y aurait eu beaucoup à miser sur ce probable énergumène. Puis le succès fera de Cameron le roi des gros budgets : Titanic sera un sommet historique avant qu'Avatar ne lui permette d'écraser son propre record. Entre-temps, James avait encore plus d'un tour dans son sac pour faire parler de lui : la ressortie en 3D de Terminator 2, finalement avortée, aurait marqué un nouveau record dépassant celui de Titanic en comptant les nouveaux investissements, alors que pour anecdote, T2 fut déjà le premier métrage à dépasser les 100 millions de $ de budget.

 

Voilà donc qu'en 1991, une petite équipe de bissoteux de première classe se retrouve sept ans après, avec la grosse tête et des gros moyens. Aujourd'hui, Terminator 2 est toujours considéré comme un film culte parmi les films cultes et accessoirement comme le meilleur opus de la saga, laquelle en compte quatre à ce jour. Vingt ans plus tard, sa vision pourrait cependant s'avérer fatale pour quelques petits curieux. Le film doit beaucoup de son succès global et notamment d'estime à la qualité de son animation. Il est techniquement irréprochable, au point qu'il aurait pu a-priori sortir la semaine dernière qu'on y verrait que du feu sur ce seul registre.

 

Le scénario est sensiblement le même, décalé de quelques années. C'est l'occasion de découvrir John Connor, petit caid de 10 ans en famille d'accueil, dont la mère Sarah est désormais internée et sous haute surveillance. Là-dessus Cameron joue cash : les enjeux ont été posés dans Terminator premier du nom avec ses concepts alambiqués, inutile de revenir dessus. La fin du Monde approche, toujours déterminée à intervenir en 1997, mais elle est relative, puisqu'elle laissera des survivants occupés à affronter une civilisation de machines. Mais de fait, aucun progrès dans la ''mythologie'', aucune nouveauté et surtout un film atrocement vide, dont la forme éblouissante ne masque pas longtemps la pauvreté et la platitude narrative.

 

Ce qui gêne dans Terminator 2, c'est à quel point il est l'exacte réplique-miroir de son prédécesseur, c'est-à-dire une copie carbone vidée de toute substance un tant soit peu ''offensive'', en d'autres terme de toute noirceur. A une honnête référence succède ainsi sa version soupe ''colossale''. L'opportunisme de T2 n'est que bas et veule, il ne consiste qu'en lobotomisations et inversions : toute la démarche tient à remettre les points sur les ''i'' façon hyper-mainstream.

 

L'emploi de Schwarzenegger en est le premier exemple : l'avatar le plus édifiant de Terminator a étrangement retourné sa veste [il s'humanise quitte à entrer en contradiction vis-à-vis de ses données]. Comme il est cool, comme il est gentil maintenant : c'est lui cette fois qui vient défendre John et assurer son avenir. D'abord livré comme un jouet un peu dangereux le compagnon-protecteur se mue vite, on l'aura compris, en père que John n'aura pas eux [culturiste et autiste, pas formidable la figure paternelle...].

 

Figure au burlesque jusque-là encore timide, Terminator opère un retour destroy s'annonçant des plus réjouissants. Le climax, c'est THE scène de l'arrivée ou Schwarzy s'en prend à un biker avant d'enfourcher la prunelle de ses yeux sur Bad to the Bone. Mais on déchante vite, puisque cet homme à la moto se réclame bientôt bourrin pacifiste [tuer=pas bien ; cogner=content] et se voit coolisé par le gamin. En outre, il lui apprend quelques ''reste cool, sac à merde'' ou ''hasta la vista baby'', des classiques instantanés. Terminator 2, avec son héros au look bad guy, son apologie du style hardos-coolos/hardos-bolos, fait doucement rire de lui-même.

 

Ce n'est pas particulièrement volontaire. Ca ne l'est même pas du tout. Le film est plus ou moins égal au schéma d'Aliens le retour : un bon démarrage, pas très stimulant, mais disséminant de quoi se bercer de quelques modestes illusions ; cela dure près d'une heure. Intervient alors une scène monumentale, celle de l'évasion, d'une virtuosité monstrueuse. Puis c'est la pente descendante et chacune des tares qu'on aura pu apercevoir se développe jusqu'à dévorer totalement l'écran. De braves gens bavardent en préparant leurs flingues et font passer Il faut sauver le soldat Ryan pour du Nietzsche, Sarah se la joue borderline bon marché et s'embarque dans des soliloques à la bêtise absolue... surtout, le film bascule dans la niaiserie totale, franchissant tous les points de non-retour.

 

Cet élan emmène tout avec lui, bafouant aussi toute cohérence, notamment lorsque John confie à son nouveau pote ''y a des fois je vois ma mère pleurer'', celle-ci aimant toujours son père qu'elle n'a connu qu'une nuit. Problème, ils viennent seulement de se retrouver, Sarah redécouvre à peine la liberté. A force de vouloir susciter l'empathie sans retenue, Cameron contredit tout ce qu'il a crée auparavant. On aura pu relever quelque entorse aux règles des métamorphoses du poursuivant des Connor, le T-800, mais elle était le prétexte à une sympathique idée graphique [le flic face à son double]. Ici l'incohérence concerne le scénario et le monde de Terminator : on nage en pleine débilité [voir l'issue qui s'offre au T-1000].

 

La version longue du film (2h36 au lieu des 2h11 de la version cinéma) ne lui rend pas vraiment justice puisqu'elle est assez contradictoire. Si elle l'enfonce encore plus dans son humanisme niaiseux et sa solennité crétine, elle dévoile aussi quelques séquences bien plus osées et intéressantes. Chacune d'entre elles concerne Sarah dans le contexte de l'hôpital psychiatrique, or le meilleur du film sans même la director's cut est contenu dans cette partie. Le charisme de l'actrice et du personnage font des merveilles, le raffinement de cette photo aux tons bleutés suit. C'est à ces seuls moments que la tension est palpable et ce sont ceux-là qui préparent le terrain pour rendre l'évasion si redoutable. Nous découvrons ainsi entre-temps l'un de ses rêves et le traitement de faveur que lui réserve les gardiens. La saga y gagne un peu de cohérence, Sarah assoit son avantage sur tous ses fades camarades.

 

Terminator 2 est pour beaucoup un classique absolu, un bout de pellicule mythique et le vecteur du plus serein des stand-by. Pourtant, en reprenant l'univers de son prédécesseur pour le ripoliner sans retenue, ce spectacle, sans doute gargantuesque, jouissif diront ses nombreux fans, est surtout, à une HP près, un gâchis complet.

 

 

Terminator 2: Judgment Day* Acteurs**-* Scénario*-* Dialogues* Originalité* Ambition**** Audace* Esthétique** Emotion* Musique**

 

Notoriété>231.000 sur IMDB ; 12.600 sur allociné [records de la saga]

Votes public>8.5 sur IMDB (41e du top250 historique & tous genres confondus – sensible tendance masculine) ; France : 9.0 (allociné – 35e meilleur film de tous les temps) ; USA : 9.5 (metacritic) [records saga pour chacun]

Critiques presse>USA : 6.9 (metacritic – en baisse)

Note globale selon Cinemagora → 8.4 (record saga)

Saga Terminator sur PS.....  Terminator + Terminator 3, le soulèvement des Machines + Terminator 4

James Cameron sur PS.......   Abyss + Aliens le retour + Titanic + Terminator

Arnold Schwarzenegger sur PS...... Total Recall + Un flic à la maternelle

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24 novembre 2011

MINORITY REPORT **

2sur5 A partir d'A.I. Spielberg s'engageait vers un cinéma qu'on dira plus ''adulte'', mais cette première rupture d'avec l'entertainment pur et simple des 90's [ère Jurassic Park, entre autres] ne sera pas au goût de tout le monde. C'est avec La Guerre des Mondes que ce tournant trouvera sa quintesse, ou la cinéaste le plus mainstream d'Hollywwod devient un cas autrement et outrageusement intéressant. D'ou un paradoxe ; c'est que, après trente ans de carrière, le cinéaste apparaît alors comme un débutant, puisque le voilà à un stade [et sur des sentiers] ou il a encore tout à prouver.

Entre les deux cas énoncés, il y aura Minority Report, largement salué quand à lui. Le scénario se fonde sur une riche idée : en 2056, le Monde peut empêcher les crimes de se produire grâce à des visions obtenues via des créatures nommées pré-corg. Mais comment ces crimes peuvent-ils être inscrits dans le futur si on s'apprête à les en rayer ? Spielberg n'esquive pas, il interroge cette prédétermination douteuse par définition. Les questions qui nous agitent devant un tel pitsch existent en sourdine à l'écran.

Sans surprise, un thème d'époque est saisit : la sécurité, et le scepticisme devant l'intégrité des mesures en vigueur dans ce futur proche pour permettre une protection à ses citoyens. En effet, si leurs actions sont ''anticipées'' au nom de visions d'un support ''technique'' et immatériel, celui-là commande-t-il ou a-t-il seulement intégré les sentiments profonds de ses sujets ? Croit-il qu'ils sont immuables, ce qui signifierait alors qu'il a pu les définir ? Spielberg aperçoit une contradiction : la plèbe, malgré la menace d'un Big brother répressif, commet toujours des meurtres : logique, on ne peut pas réprimer des instincts. Il laisse surtout intervenir la notion du destin, or celle-ci ne peut être considérée avec sérieux et encore moins être validée devant le schéma cartésien qui autorise des officiers de pré-crime à mener leurs arrestations. D'autant que si les futurs criminels le sont, ils sont niés en tant qu'individu : censé accomplir ce qui a été ''prévu'', ils n'ont donc aucune prise sur leur ''destin''. C'est-à-dire qu'ils suivent des plans ; or ceux-ci ne connaissent rien d'eux ni de ce qui peut les influer à tout moment.

Comme les films d'horreurs carrés et ambitieux ou sont présentés les personnages au devenir viande, ce film de SF carré et ambitieux s'enquiert pendant trois quart-d'heure de tisser une toile philosophique, réunissant des données pour rebondir sur chacune, on l'espère, postérieurement et étendre sa probable réflexion. Minority Report est conçu à partir d'une nouvelle de Philipp K.Dick qui inspira les chefs-d'oeuvre Blade Runner et Total Recall. La dimension philosophique attendue mais surtout promise initialement chez Spielberg est plus lissée que dans ces deux derniers cas, loin notamment du spectacle presque (?) brechtien de Verhoeven ; ici d'ailleurs, le spectateur découvre de ''vrais'' personnages, soit des personnages ''à psychologie'' à-priori [même si leur intérêt dans le fond est purement fonctionnel et qu'ils restent unanimement dociles (à l'exception peut-être de l'éternellement génial Max Von Syndow, qu'il aurait été indécent de convier sans avoir à lui confier le rôle le plus profond)]. Bonne initiative pour éviter la thèse pyrotechnique sans chaire.

Nous suivons ainsi un chef de division [Tom Cruise] qui au terme de l'exposition se retrouve accusé de meurtre prémédité par les visions des Cogs. L'arroseur arrosé, encore une occasion de faire ricochet : mais le film en devient-il, pour cette raison et toutes celles qu'offrent le matériau dont il est tiré, subversif ? Non, on s'en doute ; ce qui dérange, c'est que les possibilités se referment aussi vite. Car s'il y a une foule de discrètes ébauches, rien n'est développé. Les férus de SF ne verront donc de ''progrès'', à la rigueur, qu'en surface. C'est que les thèmes des dissidents d'autrefois sont entrés dans le giron mainstream [enlevez Videodrome, Matrix & consorts ne verront jamais le jour], mais celui-là ne veut en garder que la flatteuse enveloppe. La fuite du héros vaut dès lors pour l'univers désincarné, froid et timidement élégiaque [le design et l'architecture futuristes sont irréprochables] ou elle s'inscrit.

Il y a de jolis restes qui traînent de-ci de-là : notamment ce lieu ou on vient se projeter dans une vie fantasmée, quand d'autres ne trouvent qu'à allez au cinéma, voyager en Afrique ou fumer un joint pour se débrancher, s'approprier une parcelle de temps ou ils perdent contact avec l'existence qu'ils traversent. Il y a notamment cette visite chez l'équivalent de l'Oracle de M atrix [pour schématiser à gros traits], ou le système judiciaire infaillible trouve son démenti, simple, cinglant, irrévocable : le doute [il prendra le nom de ''variables insignifiantes'']. Le plus petit suffit pour que tout s'effondre.

Mais MR tourne au thriller basique, de grande classe cela dit [c'est si joli, si virtuose, on n'enlèvera pas cela]. Mais somme toute peu haletant : Spielberg dans ce domaine n'a pas l'ampleur d'un tout-puissant Fincher, ni la même manie de torsader ses scénarios [au passage, The Game et Panic Room méritent d'être réévalués, c'est avec ces deux exercices de styles que son savoir-faire de narrateur/manipulateur culmine]. Le film tombera même assez bas, car ce n'est rien d'autre qu'un regard enfantin que Spielberg pose sur le monde à l'arrivée. Le potentiel infini du projet s'étant écarté peu à peu, ce basculement vers la niaiserie n'étonne pas, de fait. Mais tout de même ; on se croirait devant un mix de The Fountain et Dr Quinn. Le salmigondis de belles idées, avancées sans vanité mais aussi sans profondeur, accouche d'un nabot passe-partout et somme toute, plutôt oubliable, jusque dans sa démarche esthétique et esthétisante sans une once de fièvre ni poésie.

Minority Report**  Acteurs*** Scénario** Dialogues** Originalité** Ambition*** Audace** Esthétique*** Emotion**

Notoriété>135.000 sur IMDB ; 16.500 sur allociné [chiffres exceptionnellement hauts]

Votes public>7.7 sur IMDB (légère tendance +45-->-18 = au plus jeune) ; USA : 7.4 (metacritic) ; France : 8.0 (allociné)

Critiques presse>USA : 8.0 (metacritic) ; France : 8.5 (allociné)

Note globale selon Cinemagora → 7.9

Steven Spielberg sur PS.....  Les Dents de la Mer + La Guerre des Mondes + Duel + Le Terminal + Poltergeist

Phillipp K.Dick sur PS..... Blade Runner + Total Recall

Max Von Syndow sur PS...... Intacto + Shutter Island + Robin des bois/2010 + Dune + Judge Dredd + Les Fraises Sauvages

21 novembre 2011

TIMECRIMES (LOS CRONOCRIMINES) ***

Avertissement : l'article ne dévoile pas les ''véritables'' mystères du film, mais il vaut mieux le découvrir sans rien en savoir au préalable pour s'en délecter ou le détester le plus librement possible.

(ce qui est surligné en rose peut être lu sans souci)

 

TIMECRIMES_13sur5   A un défaut de fabrication près, tout l'édifice qui fait de Los Cronocrimines une réjouissante surprise s'effondre. En quelque sorte, c'est même un film raté. Expliquons-nous : avec ses jumelles, Hector voit une femme se dévêtir, dans le bois qui fait face à son domicile. La sienne partie, il tente de retrouver l'exhibitionniste présumée. Lorsqu'il la retrouve dans la forêt, il est agressé et s'enfuit. Poursuivi par un homme au visage bandé [très belle idée graphique, merveilleusement exploitée, notamment dans la dernière partie du film – le look pochette Elephant Man], il pénètre bientôt dans un bâtiment, entre en contact avec un homme via un talkie-walkie, le rejoint, s'introduit sur ses conseils dans une sorte de cuve. Lorsque le couvercle est réouvert, Hector a fait un voyage dans le temps : il est revenu quelques heures avant les événements. L'apprenti scientifique à ses côtés lui explique la situation : Hector est ici et chez lui, en clair, il est en double au même endroit de la ligne du temps.

 

Ce premier film de Vigalondo Nacho démarre ainsi très fort avec un suspense hyper-réaliste, un contexte minimaliste et une étrangeté totale. Mais il y a un problème, énorme : au bout d'une demi-heure environ, soit à peine Hector sorti de la machine, on devine les tenants et aboutissants du film. Pas sa fin, même si on croit s'en douter, mais tous les rouages qui doivent mener à elle. Le scientifique dit à Hector qu'il lui faut suivre ses commandements pour que la situation redevienne normale. Mais nous savons aussitôt que ce que Hector fera, soit Hector n°2 et désigné comme tel dans le film, nous l'avons déjà vu.

 

timecrimes_2Hector est donc a-priori condamné à une boucle temporelle, à se chasser lui-même. La logique se brise fatalement : comment cette boucle a-t-elle pu commencer ? Y aurait-il un ''big bang'' sur la ligne du temps d'Hector – car on ne peut, prenant le problème en tout sens, l'expliquer autrement ? Que tout s'emboîte est normal, mais, lorsque Hector, le premier, croise l'homme au bandage [c'est-à-dire lui-même, mais celui qui est déjà passé à travers la machine – on le comprend instantanément, à moins et ça n'est pas exclu d'être ébahit par le pitsch du film], d'ou vient celui-ci ? Du futur, déjà ? Mais personne n'est encore passé dans la machine – d'autant que nous suivons Hector selon son évolution.

 

De fait, le film est extrêmement simple, limpide, évident. Alors, pourquoi reste-t-on ? Parce que Timecrimes passionne pour une raison simple et folle : les pérégrinations d'Hector consistent à passer de l'autre côté du miroir : ce que voit le personnage, c'est le film de lui-même, celui dont il est amené à jouer le rôle de l'élément perturbateur. Ce n'est pas tant ce qui va arriver qui importe, mais comment cela va arriver et surtout, nous suivons Hector avec le doute de le voir dévier. L'atmosphère compte alors énormément et ici elle est idéale : Nacho tire bénéfice de son manque de moyens criant en peaufinant un huis-clos spatial et temporel dont la simple structure, même chancelante, est un atout de chaque instant.

 

timecrimes_3Le film prend tout son sens à ses deux-tiers. En effet, lorsque nous voyons ce qu'on n'avait pu savoir avant, le malaise devient cohérent et la dimension intime écrase les astuces scénaristiques. La ritournelle entêtante est boosté par les choix d'un Hector aliéné -sans quoi la répétition tournerait à vide- et surtout par son adaptation, assimilée ou manquée, dans la ligne de temps qu'il a explosée. Ainsi, lorsqu'il devient l'homme aux bandages, ce n'est pas de son propre chef, de façon pulsionnelle. Il n'y réfléchit pas une minute et c'est seulement devant le fait quasi accompli qu'il saisit ce qu'il est censé entériner pour précipiter Hector n°1 dans la boucle. L'ambiguité du film est importante, on ne sait trop à quel point elle est maîtrisée : tout se passe comme prévu, parce que Hector a été dissident, parce que c'est lui, en tant que ''n°2'' revenu du futur qui a modifié cette boucle temporelle : néanmoins, le problème du commencement demeure entier et il surgit avec même beaucoup plus d'ampleur (cela confine à l'absurde) – ce qui en agacera dans la seconde demi-heure du film.

 

Indubitablement, Timecrimes accumulera les incohérences mineures [surtout sur les comportements de l'Hector du premier quart-d'heure] ; par exemple, son Hector n°2 a le bandage... parce qu'il a reçu un coup de ciseau... lorsqu'il était Hector n°1... alors que nous sommes revenus en arrière [et que c'est lui, Hector n°2, qui doit appliquer le coup de ciseau dans quelques heures à Hector n°1/Hector originel]. Mais ceci n'est pas totalement une erreur : ce n'en est d'ailleurs plus une lorsque le film entre dans sa logique, moins mathématique, de la ''multiplication'' des ''Hector''. Là encore Nacho laissera son film dans le flou ; s'il y a un Hector n°3, tenez-vous bien, c'est le premier que le scientifique découvre. Bref, il a vu beaucoup de monde à 16 heures et bien qu'assez limite, le scénario se tient là-dessus. L'ouverture de la boîte de Pandore trouve alors une justification tout à fait cohérente, si encore une fois, on accepte les délimitations du scénario et donc les quelques possibilités ''rationnelles'' [NE PAS LIRE SI VOUS PENSEZ LE FILM INATTAQUABLE : réunir tous les Hector dans la même machine, et c'était bon, non ?] que le réalisateur et scénariste élude. Il ne les a peut-être même pas vues, en fait, car il a sans doute davantage vu la possibilité d'une tragi-comédie derrière la caution ''SF''.

 

timecrimes_4L'ambitieux projet scénaristique se mord la queue et c'est davantage la prise de tête du personnage autour de ses doubles et sa situation qui l'intéresse ; et, mieux encore, une anticipation rétrospective qui implique le scientifique de façon plus directe. On comparera sans doute le film à Memento, mais celui-ci, limpide dans sa ligne directive, presque terre-à-terre finalement, contenait le mystère ; ici, il s'étend, mais c'est un château construit sur du sable mouvant. Toujours le même problème finalement. Nacho a sans doute décidé de l'éluder ; pour le spectateur, il faut accepter l'énorme incohérence qui justifie le mauvais rêve [rejeter le film pour une contradiction -et ses petites ramifications bâtardes- est légitime, mais c'est rater un déroulé admirablement accompli]. Le jeu en vaut largement la chandelle, le psychodrame vaut bien ces quelques sacrifices. On ne confierait pas Nacho à des physiciens juniors, ils lui riraient sans doute au nez, mais en revanche, on a toutes les raisons de surveiller ses agissements. En espérant que les lumières américaines, sous lesquelles il est censé réaliser son Gangland autour du thème du jeu vidéo, n'annihilent rien du style puissant de ce jeune cinéaste ibérique.


La bande-annonce est donc à votre disposition, mais il faut savoir qu'elle est passablement mauvaise : elle délivre beaucoup trop de détails du film (à défaut, vous vous en rendrez compte ensuite) et ne donne absolument pas envie (elle fait cheap quand le film fait totalement oublier sa condition + la musique sans ampleur, d'une tension derrickienne, est, rassurez-vous, absente du film). De préférence, ne vous y fiez pas (ou préférez vous arrêtez au terme de la 1re minute).


 

timecrimes_affLos Cronocrimines***  Acteurs*** Scénario**-* Dialogues** Originalité*** Ambition**** Audace*** Esthétique*** Emotion***

 

Notoriété>6.500 sur IMDB ; 175 sur allociné

Votes public>7.2 sur IMDB (tendance +45-->-30=au plus jeune) ; France=6.5 (allociné)

Critiques presse>USA : 6.8 (metacritic) ; UK : 6.0 (screenrush)

Note globale selon Cinemagora → 7

 

 

 

20 novembre 2011

AU-DELA DU REEL **** (film 1980)

au_dela_du_r_el_15sur5 Altered States commence sur une expérience consistant en une exploration du cerveau humain que le docteur Jessup, après l'avoir mise en oeuvre sur 22 cobayes consentants, s'applique à lui-même, assisté par un ami chercheur. Science expérimentale, atmosphère forte, du genre lugubre, on songe, devant cette première séquence, à Cronenberg, dont ce film serait un lien entre Scanners et La Mouche [d'ailleurs, l'expérience s'opère dans une cabine]. Un lien dissident cependant, encore plus désaxé et à la trajectoire autre, plus métaphysique, donc désincarnée, quand le cinéma du Cronenberg première époque ressemble davantage à du naturalisme onirique.

 

Contrairement aussi à ce dernier, la réalité du monde ne paraît pas aussi éludée, ou plutôt, Altered States semble encore enraciné à celle-ci, en tout cas au départ. Le monde sous nos yeux n'est pas tant déconnecté [dans une ''bulle'', comme le sont Scanners ou Videodrome], il est parallèle, presque souterrain et le film donne la sensation de le saisir comme une entité incrustée là [la mise en scène n'exclue pas, dans les séquences ''de vie'', des détails rappelant à la réalité la plus triviale : nos héros sont là, des éléments terre-à-terre peuvent traverser le plan]. Mais ce contexte rationnel s'efface au profit de la quête de ''Vérité'' -clairement désignée comme telle- de Jessup : ainsi sa relation avec son amante est présentée de façon particulièrement synthétique, et le film privilégie les ellipses narratives.

 

AU_DELA_DU_REEL_2Au-delà du réel invite le spectateur à se fondre dans les recherches de Jessup, et comme lui s'inscrit bientôt dans une démarche autarcique, ne renvoyant et n'existant que pour elle-même. Jessup élude ce qui l'entoure [il s'y accomplit, n'y est présent, que par pure nécessité – on peut dire qu'il est ''asocial''], les mouvements stériles du commun [professeur d'université, il se moque de ce qu'un tel statut peut lui apporter], pour se consacrer à triturer son psychisme en lui soumettant ses questionnements existentiels. Il est fasciné par l'Esprit, par les élans religieux et mystiques, c'est ce qui l'a fait s'intéresser à des cas frappés de schizophrénie. Athée, il veut ''décrypter'' son être, élucider son identité, en retrouvant ses premiers souvenirs, ses sentiments originels. Son but est de découvrir l'hypothétique socle initial sur lequel se fonde l'Humanité [la ''Vérité''].

 

Sous ses dehors de série B naive, folle et déglinguée, Au-delà du réel est une oeuvre qui bat sans relâche, philosophiquement abondante [jusqu'à la pensée ''matérialiste'' de l'épouse de Jessup – on peut trouver les dialogues ampoulés, cela n'est pas à exclure selon sa sensibilité, mais ils ne sont jamais de trop et sont les premiers contributaires de la toile introspective de l'ensemble] ; le film peut sembler extrêmement fumiste, il l'est probablement dans sa nature. C'est du cinéma psychédélique au sens ''littéral'' et ''moderne'' et il s'inscrit dans cette mouvance très 70's [The Trip, etc.], ou certains auteurs se sont servis de l'écrin cinématographique pour projeter leur visions mentales, peut-être leurs scènes originelles, parfois se sont consacrés par là à une thérapie. Il y a le trip visuel dans Au-delà du réel, halluciné au sens premier, qui fait songer à une sorte de 2001 cheap, riche et à l'imaginaire libéré [séquences kaléidoscopiques et surréalistes] ; les effets spéciaux sont un bonus, pas si désuet trois décennies après, tant les délires sont monstrueux, et les monstres délirants. Cet aspect n'est pas [''que''] ludique, gratuit, il trouve sa place en tant que complément -et c'est une posture juste, la plus cohérente- : tout ce que dit Au-delà du réel est tangible ; non seulement il trouve écho en nous, pourra plaire [pas besoin d'avoir lu Kant pour les nuls, en tout cas pour saisir les enjeux – prétendre l'inverse est sans doute un peu hypocrite], mais est très solide dans sa démonstration, pleine, somme toute assez carrée, mais encore ouverte.

 

AU_DELA_DU_REEL_3Pas de psychanalyse ici, ou ce n'est pas l'ingrédient premier, comme le sont par exemple les délires de Jodorowsky [La Montagne Sacrée, en voilà une thérapie d'auteur à l'écran – et toujours en mouvement] ; c'est de la spéculation et un exercice de style autour d'elle. Adulte et absolument premier degré [dans sa démarche en tout cas], il est débarrassé de scories adolescentes qu'on pourrait attendre sur un tel projet et parfois le tire vers le bas, d'autres lui donnent toute son ampleur [prendre l'exemple très frais, sur un thème plus sophistiqué, de The Invention of Lying]. Ken Russell, dont la carrière est remplie de projets particulièrement ambitieux (sur le papier en tout cas : un ''biopic'' de Franz Lizst dans les 70's notamment) est, dans Au-delà du réel au moins (Pinksataniste a des failles, n'a ni vu ''Tommy'', clippesque paraît-il, ni ''Gothic'', outré a-t-on dit) un esthète, assurément de la meilleure espèce : son matériau ''narratif'' se confond dans la forme. C'est typiquement 70's là encore, spiritueux et spirituel se rejoignent : c'est même un cap pour le film, et, pas seulement un point de non-retour, mais un tremplin pour son héros : le spiritueux est la caution du spirituel.

 

Donc, Jessup étend bientôt ses expérimentations grâce à la drogue, son but devient l'extériorisation d'un ''soi'' des origines. Les aspirations se précisent, il s'agit de lever le voile sur les états de consciences en nous, ceux qui nous guident, nous influent, sans qu'on le sache, car il sont intégrés et abandonnés en ''soi''. Dans sa quête, le docteur prend le risque de la régression [aussi vecteur de tension, le film est construit, pas seulement ses ''méditations''] : lorsque, dans une escapade qui évoquera aux amateurs de classiques old school du genre Le Loup-Garou de Londres [l'un des meilleurs films sur le sujet, pourtant surexploité], il est dans une perspective ou la ville est elle-même ''primitive''. Ce qui incluse des dangers et épreuves elles-mêmes ''primaires'' ; c'est le monde animal qui interprète ce rôle. La ville n'est qu'un décors qu'il ignore – il n'y a aucun repère, il n'est pas non plus un de ses rouages, elle ne signifie donc rien à ses yeux, juste un terrain ou il évolue.

 

AU_DELA_DU_REEL_4Qu'en est-il finalement de l'essence humaine ? Il faut défricher son passé, tout ce qu'il fait qu'elle n'est pas une copie blanche ou issue du néant. Ou alors, ce qu'elle ''est'', c'est-à-dire ce qu'elle a ajouté à ce néant initial. Sa réaction ou pensée ''immunitaire'' devant lui et la suite, soit la négation de ce ''néant'', par affirmation de l'Homme : voilà ce qu'est donc l'essence humaine, en tout cas Jessup scrutera cette vérité, naive et indubitable. La conclusion est relativement absurde, mais aucunement lâche : la vérité ? Pas de Vérité ! Cependant, le film ne s'arrête pas là, comme l'ont fait tant d'autres. Son discours est même courageux, et éternellement valide. Il affirme, c'est limpide, et c'est surtout tout à fait juste, qu'il n'y a de vie que dans ce qui est transitoire. Tout ce qu'il y a de vérité, ce serait la vie, bête et présente, seule, et tout s'effectuerait par et pour elle. La Vérité, c'est celle de la construction, ou plus précisément de la marche qu'une vie prend : il faut faire, donc, et vivre. Et c'est logique : si on veut plus ''faire'', si on y trouve plus d'attrait, nous n'avons plus de Vérité ; effectivement, puisque la Vérité [de notre ''être''] n'est autre qu'une force, qu'on possède, qu'on désire ou pas. Quand le film se referme sur l'amour pour solution, pour remède aux tracas métaphysiques, on pourrait ne pas bien comprendre, être encore plus égaré : mais ce lien-là, d'une vie en activité à une autre, est celui de la Vérité que choisit Jessup. Ce n'est pas la seule chose qui fait qu'il est ''dans la Vérité'', mais on ne peut omettre ses impulsions ; se les ôter, c'est se vider. Jessup sort alors du flou, bien qu'il n'ait jamais été aussi ignorant, que l'absolu n'ait jamais paru si relatif et donc accessible, peut-être, en même temps que toujours (et toujours plus) à déterminer.


 

 

 

AU_DELA_DU_REEL_AFFICHEAltered States****  Acteurs*** Scénario**** Dialogues**** Originalité**** Ambition**** Audace**** Esthétique**** Emotion****

 

Notoriété>9.000 sur IMDB ; 75 sur allociné

Votes public>6.6 sur IMDB (légère tendance masculine) ; France : 7.0 (allociné)

Cinéma psychédélique sur Pinksataniste.... La Montagne Sacrée

 

Suggestions.... Le Loup-garou de Londres + L'Antre de la Folie

2 novembre 2011

A SINGLE MAN ****

A_SINGLE_MAN_14sur5 Sitôt qu'un créateur de mode ou un publicitaire passe derrière la caméra, ce sont toujours les mêmes reproches : à l'instar, par exemple -et dans un tout autre genre-, du The Cell de Tarsem Singh, A Single Man, premier film du styliste Tom Ford, sera taxé de coquille vide à la beauté froide. Argument aussi artificiel que ce qu'il est censé dénigré [parce que, finalement, il se focalise plus encore sur la forme], mais tant pis.

 

A Single Man est un film du présent qui se déroule dans les 60's. Il fait penser aux mélodrames de la grande tradition, sorte d'Eastwood en mode chic, de Douglas Sirk en mode pop. Les icônes y sont, les sosies de Bardot, de James Dean, on entend Gainsbourg, on n'y voit que des gens bien habillés, des visages warholiens, des femmes coiffées comme Deneuve ou Jackie Kennedy... Pourtant ce n'est pas un catalogue fâné, c'est un retour vers le futur désenchanté, un spleen idéalisé.

 

A_SINGLE_MAN_2Le spectacle du film, c'est Georges, l'homme du titre, l'homme célibataire, l'homme au singulier. Georges a perdu son compagnon, il s'agirait d'envisager à nouveau la vie. Mais Georges, ce Georges qu'il ne fait qu'interpréter, las, sobre et sans doute résigné, est déjà trop mort pour ça. D'ailleurs il joue avec le suicide, c'est son véritable péché mignon, son petit quart-d'heure d'égarement quotidien.

 

Le film ne filtre plus que la beauté du quotidien. L'esthétisation sublime l'émotion, le naturel s'introduit dans la pub à rallonge. Il y a la vie grise et lisse de Georges, mais il y a aussi le parfum de la dernière fois. Des dernières fois, que le personnage investi mais sans allez jusqu'au bout de ses fantasmes, en tout cas sans les valider dans le réel. Ceux-là appartiennent déjà au passé, il se contentera des réminiscences, de savourer toutes les ébauches parfaites.



 

A_SINGLE_MAN_affiA Single Man****  Acteurs**** Scénario*** Dialogues***-* Originalité***-* Ambition**** Audace*** Esthétique**** Emotion****

 

Notoriété>12.500 sur IMDB ; 850 sur allociné

Votes public>7.8 sur IMDB (tendance féminine) ; France : 6.8 (allociné)

Critiques presse>USA : 7.7 (metacritic) ; France : 6.5 (allociné) ; UK : 7.3 (screenrush)

Note globale selon Cinemagora → 7.4 (3+/5)

x

31 octobre 2011

TRICK'R TREAT **

trick_r_treat_12sur5 Avec ses promesses de remettre au goût du jour un traitement de l'horreur tellement 80's, le film à sketches Trick'r Treat a suscité l'intérêt de foules endormies : il a d'ailleurs déjà réjouit l'ensemble des amateurs du genre. Pourtant, il y a de quoi s'interroger sur la réputation assez élogieuse [carrément élogieuse même, côté spécialistes] de ce direct-to-video, paraît-il, déjà culte. Beau pari certes, mais qui a le tort de ne pas, ou si peu, surprendre son auditoire : il ne fait que saupoudrer les poncifs du slasher par des artifices traditionnels occultés de l'horreur contemporaine [le générique en forme de comic-book, les vignettes allant jusqu'à s'incruster postérieurement dans le métrage], synthétisant sans ménagement l'esprit macabre et l'humour douteux de masterpieces grandiloquentes tel la série Les Contes de la Crypte ou le Creepshow de Romero.

 

Le ''délire'' s'articule autour de la fête d'Halloween et le film ne manque pas de citer le chef-d'oeuvre de Carpenter dans une intro assez pauvre, entrée en matière plutôt vaine et opportuniste. Dans la première demi-heure, Trick'r Treat répètera des petits motifs générationnels : il faut caser la vieille fille effarouchée, gare à l'autiste de service... Le tout flirte alors avec la comédie ''démonstrative'' et revêt des allures tout à fait lambda, mode scabreux pour tout bonus. Puis la mécanique s'enclenche réellement lorsque surgit l'évocation d'une légende urbaine. Trick'r Treat s'engage alors vers des sentiers plus aventureux, d'ou émanent quelques jolies séquences : une descente chez les maudits, une virée chez un vieil acariâtre (personnage au potentiel sympathie énorme, exploité à merveille) et surtout pour climax cette scène de cauchemar au coin du feu sur Sweet Dreams du Reverend.

 

Mais derrière ses guillerettes allures foraines, Trick'r Treat est rachitique, sinon avare. Le scénario décousu, avec ses va-et-vient entre intrigues, explose le temps narratif sans extraire quoi que ce soit de cette opération : il recoupera toutes les histoires (quatre) à la fin pour leurrer un caractère insolite quand, dans le fond, tout cela est prévisible et assez conforme aux manies de la concurrence. Cette volonté d'égarer en tissant une toile faussement confuse [qui, on doit le présumer, incite à s'imaginer des zones d'ombre en suspens] n'est pas une grande surprise lorsqu'on sait que le réalisateur Michael Dougherty est le poulain de Bryan Singer, as de la contrefaçon dont il a été scénariste pour X-Men 2 et Superman returns. La technique et le recyclage offraient mille et une voies, mais l'exercice de style, bien que traversé de quelques fulgurances, agace surtout. Naviguant souvent très près de l'escroquerie, Trick'r Treat ne vaut pas tellement mieux que le récent Amusement, en dépit d'une imagerie [mystérieux nabot à tête de citrouille, chaperon rouge revanchard...], d'une mise en scène et même d'une photographie plus élaborées.

 

 

trick_r_treat_afficheTrick'r Treat**  Acteurs** Scénario** Dialogues*-* Originalité** Ambition** Audace** Esthétique** Emotion** Musique**

 

Notoriété>13.000 sur IMDB

Votes public>7.0 sur IMDB (forte tendance US) / (non intégré sur allociné)

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