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New PS - Sympathy for the Grotesque
10 janvier 2010

ALIEN, LE HUITIEME PASSAGER

alien15sur5 Naturellement, à sa sortie, rien ne prédestinait Alien à devenir la référence absolue que le film constitue ou même l'initiateur d'une des sagas les plus populaires de tous les temps. Par ailleurs, ce grand bond en avant pour le septième art, ce film d'un nouveau genre, n'était pas destiné à demeurer autre chose qu'un splendide blockbuster passablement remarqué à son époque avant d'être réservé, en cas de réussite majeure ou simplement notable, à trouver sa place dans le coeur d'une poignée de fans et le coffre à trésor des cinéphiles. Pour autant, Ridley Scott n'en était alors qu'à son deuxième long-métrage après ses Duellistes remarquées à Cannes, mais personne n'aurait pu prévoir la révolution en marche que son film allait occasionner.

 

Alien instaurait non seulement une nouvelle tête à suivre [très affirmée déjà sur les thèmes du combat pour la vie, du féminisme, de la figure paternelle, de l'angoisse comme de l'exaltation générées par l'inconnu...], mais révélait au public l'une des créatures les plus marquantes du cinéma d'horreur, à l'instar de celle de The Thing. Source d'inspiration insatiable, Alien sera cependant rarement pour ne pas dire jamais égalé [même si des divertissements comme Event Horizon sauront développer leur propre vision et remplir leur contrat].

 

alien_mytC'est qu'Alien est une véritable oeuvre visionnaire, un pied dans le cinéma classique dont elle exacerbe quelques procédés faisant office de valeur sûre avec en tête le hors-champ, un pied dans un cinéma du futur qu'elle semble inaugurer tout en s'inscrivant apparemment [ce qui n'est en fait qu'un argument commercial] dans la lignée du phénomène Star Wars, générant deux ans auparavant un engouement spectaculaire autour du space opera. A moins de mener et retourner celui-ci en Enfer, Alien est cependant très loin de ce dernier.

 

En plaçant son huis-clos dans l'Espace, Alien innove et créée une atmosphère inédite. Au-delà de son argument de base, le film s'avère fascinant, malgré un monstre d'un nouveau genre aux apparitions très cursives. Celui-ci se fait d'ailleurs attendre, ne se faisant connaître qu'en quasi-milieu de parcours. Le spectateur n'aura pas eu le temps de s'ennuyer ou de s'impatienter tant ce qui se manifeste à l'écran est proche de la révolution : au-delà des effets spéciaux impressionnants et justement récompensés par un Oscar, Alien puise dans une esthétique torturée, le vaisseau comme la grandiose balade sur l'obscure planète croisée par l'équipage bénéficiant du génie d'Hans Ruedi Giger, designer suisse au style quasi-funèbre [il officiera plus tard sur La Mutante, qui n'est pas non plus sans rappeler Alien à quelques égards, genre oblige ?].

 

alien2Mais surtout, Alien repose sur un casting redoutable, semblant aujourd'hui prestigieux, mais n'étant à l'époque constitué que d'acteurs relativement inconnus, Sigourney Weaver compris. Le personnage de cette dernière, héroine au coeur de la lutte contre l'Alien et dernière rescapée du vaisseau -le Nostromo-, marquera au fer rouge sa carrière ; son visage sera longtemps associé à celui du lieutenant Ellen Ripley, une figure audacieuse à une époque ou les femmes portent encore rarement la culotte au cinéma.

 

Un détail d'envergure tente cependant d'égratigner le mythe : il concerne les fondements même de ce Huitième passager. Car s'il est souvent fait état de l'allègre piochage dont Alien est une victime sans doute bienheureuse, certains reprochent au scénario même du film de n'être ni l'oeuf ni la poule, mais simple opportuniste. Inspiré dans les grandes lignes d'un film de Bava, le pitsch d'Alien est par exemple rapproché de celui de Shivers (Frissons) de Cronenberg, histoire de contamination concentrée dans un hôpital, sorti lui en 1976. Il faut cependant admettre que les visées thématiques des deux films et l'ambition qu'ils tirent de leur argument initial diffèrent considérablement.

 

alien_adAlien demeure un petit film de studio devenu modèle éminemment respecté et érigé au panthéon de la S.F. ainsi dans une même mesure que de celui de l'horreur. Ne cachons pas non plus cependant que Ridley Scott, bien qu'assez libre sur son projet, jouait avec un budget relativement modeste pour son contexte et que son film n'avait aucun alibi bankable. C'est bien le bouche-à-oreille qui élèvera le film au rang du culte. Autre détail : le dénouement de l'Alien porté à l'écran diffère de celui voulu par Scott, particulièrement désespérée, qui fit là une concession à ses producteurs, craignant de glacer le public. Qu'importe, cet anecdote ne casse en rien un mythe ni ne remet en question son apport considérable pour le domaine tout entier du Cinéma, rien de moins.

 

 

 

 

ALIEN_AfficheAlien****  Acteurs**** Scénario*** Dialogues*** Originalité**** (en son époque, le film étant une matrice ; il fait aujourd'hui toujours parfaitement illusion et bien au-delà). Visuel/esthétique**** Ambition/Intelligence du propos**** Audace/transgression***-* Emotion****

Notoriété>168.000 votes sur IMDB ; 10.000 notes sur AlloCiné

Votes du public>8.5 sur IMDB [43e au top250] ; USA : 8.6 (metacritic) ; France : 8.8 sur AlloCiné [130e du top250]

Critiques presse>USA : 8.3 (metacritic) ; France : 8.8 selon AlloCiné [100e sur le site]

 

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Commentaires
P
Vous n'y croyez pas ? Ces thèmes recoupent l'ensemble de la filmo de Ridley Scott, on les retrouve de Thelma à Hannibal, d'Armes égales à Gladiator et comme pour Alien 3 ou vous affichez le même scepticisme, je n'invente rien ; tout est là, il suffit de le voir. Mais le design et l'atmosphère sont si grandioses qu'on peut occulter le reste.
J
O.K. cette fois, très d'accord même. Sur les thèmes du réalisateur j'y crois à moitié, mais les références par contre sont bien envoyées et reflète à fond l'influence de ce chef-d'oeuvre sur tout le cinéma, un point qu'on ne répétera jamais assez.
E
film d'horreur culte qui mélange également la SF: une référence qui donnera lieu à de nombreux ersatz.
C
C'était géant ce film... quel suspense ! et quel réalisme dans les décors (le bon vieux "cargo" devenu un vaisseau spatial, les consignes commerciales...). Cela fait longtemps que je l'ai vu, il faut que je m'y remette !
Y
Film culte. Je l'ai regardé avec réticence au début (pour que je me mette à voir un film avec des aliens, il faut me donner de bons arguments, car je ne suis -n'étais- pas très fan de ce genre) puis finalement j'ai accroché du début à la fin. Je comprends pourquoi ce film est devenu une petite référence pour le genre. Et mine de rien, moi j'adore le design de l'alien (d'ailleurs, contrairement à certains, je préfère Alien à Prédator^^). Le fait que les personnages soient enfermés dans un vaisseau en plein espace, ça apporte un plus au film. J'ai trouvé les effets spéciaux sympas pour l'époque.
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