MILLENNIUM ACTRESS **
2sur5 Après la confusion entre réel et fantasme dans Perfect Blue, Satoshi Kon réitère en bâtissant son second long-métrage autour d'un principe de double perception. Le cinéma ici devient le support des expériences d'une femme qui a construit le sens de sa vie par son biais dans l'unique but de retrouver son premier amour, un inconnu poursuivi par la police, croisé dans sa jeunesse.
La structure de Millennium Actress cherche moins à égarer que celle du précédent film de Kon : à partir de l'interview d'une ancienne gloire, un journaliste [et admirateur] et son cameraman s'incrustent dans le film de sa vie [au premier degré, physiquement]. Les films tournés, l'agitation hors-champ et les tranches de vie ''réelles'' en direct sont confondus [quelques retours notamment dans la maison de la vieille actrice, ou elle refait éventuellement avec son fan quelques scènes de fiction qui les ont chacun marqué].
La quête amoureuse et existentialiste permet, en parallèle, un cri du coeur pour les multiples traditions cinéphages nippones. Mais en voguant d'un univers à l'autre, le film survole son sujet et son parti-pris abouti à un plat panorama. L'hommage s'adresse au cinéma nippon en général et aucun en particulier. Aussi, à terme, la faute qui plus est à la trame très mince qui les relie, le film tire peu des contextes qu'il détourne.
Le
film est bon techniquement parlant, graphiquement impeccable, il
véhicule une belle imagerie qui flattera l'oeil des férus de cinéma
asiatique. Mais au-delà de son pitsch très
formaliste, il ne nous emporte pas, pour ne pas dire que sa fuite en
avant nous en détache complètement. Nous avons la peinture d'une
vie de passion, mais il en manque la substance. Millennium
Actress ne laisse alors même pas sur les doutes éprouvés devant
Perfect Blue, doutes qui prouvaient que, en dépit de sa posture un
peu lourde de film ''dérangé'', celui-là était vivant. Bien que
terriblement inégal, le polar obèse dégageait une intensité qui
fait défaut à cette romance à la lisière [pas plus] du
fantastique, s'achevant sur des allures de roman-photo surboosté.
Millennium Actress** Animation*** Scénario** Dialogues** Originalité** Ambition*** Audace** Esthétique**-* Emotion** Musique****
Notoriété>5.200 sur IMDB ; 250 sur allociné
Votes public>7.9 sur IMDB (note la plus haute pour le réal) ; France : 7.7 (allociné)
Critiques presse>USA : 7.0 (metacritic – progression avec ses 2 films suivants)
Note globale = 8- (4/5)
Satoshi Kon sur PS..... Tokyo Godfather + Perfect Blue