TOKYO GODFATHER ***
4sur5 La troisième réalisation de Satoshi Kon surprend, au risque de décevoir ceux qui étaient tombés sous le charme des fragments plus retors de son oeuvre. Cette transposition dans le Tokyo contemporain du thème des rois-mages est en effet très loin des exercices de style plutôt tortueux qu'étaient Perfect Blue et Millenium Actress. Aux films-pièges succède ainsi un conte de Noël ancré dans un réalisme social criant. Et si le contexte semble être, sur le papier, paré de tous les ingrédients pour aboutir à un résultat des plus mièvres, ce n'est, mais l'inverse aurait été étrange de la part d'un tel cinéaste, en rien le cas.
Le film suit les aventures de trois clochards hauts-en-couleur ; un ivrogne un peu fabulateur concernant son passé, une adolescente fugueuse et surtout Hana, un travesti du genre MtF [Male to Female], très drama-queen quinquagénaire. Ce trio fringant découvre, la nuit de Noël, un bébé abandonné dont Hana s'éprend. Se reconnaissant en lui [elle a été abandonnée et n'a pas connue sa mère], elle impose à ses camarades de partir à la recherche de la mère de l'enfant, pour lui offrir un foyer ou il sera choyé plutôt que deux décennies de va-et-vient entre diverses familles d'accueil.
Si la structure, tout à fait linéaire, est elle-même a-priori moins ambitieuse que celle d'un Perfect Blue, la faute à un pitsch ''humain'' ou les faux-semblants n'ont pas vraiment leur place, les aventures de ces parrains vagabonds, famille rêvée s'il en est, passionnent au moins autant l'auditoire. Kon fait preuve encore une fois d'un traitement très occidental, un peu à l'américaine pour la trame [le film a des airs de road-movie urbain] et profondément italien dans sa façon de faire s'entrechoquer cynisme et émotion, instaurant un perpétuel décalage entre noirceur et comédie. Tokyo Godfather en tire un parfum d' ''authenticité'' absolu alors que cette épopée ordinaire ne recule jamais devant l'improbable [la gamine teigneuse prise en otage avec le bébé et autres rebondissements à foison].
Il s'en dégage ainsi un positivisme réjouissant. Le détournement de l'Hymne à la joie illustre parfaitement le ton de TG, joli conte pragmatique découvrant un auteur décidé à faire confiance à son matériau, sans parer de fioritures la psychologie de ses personnages. Perfect Blue se voulait cinglant, il l'était, mais impressionnait autant dans la forme qu'il tissait son intrigue autour d'un canevas esbroufeur plutôt vain ; en somme, il prenait les astuces de son modèle [De Palma] au pied de la lettre. Ici le propos n'est pas étouffé par une démarche à la sècheresse esthétisante et si le film ne se soustrait pas à quelques séquences oniriques bien senties [mais il n'y en a qu'une ou deux], tout y est envisagé de front. La vie l'emporte et les états d'âmes font l'écran sans chercher à se moduler ; on chante, on crie, on balance, on cogne, on se dit tout sans retenue et ce cocktail est communicatif.
Tokyo Godfather*** Animation*** Scénario*** Dialogues*** Originalité*** Ambition*** Audace*** Esthétique*** Emotion*** Musique***
Notoriété>5.500 sur IMDB ; 500 sur allociné
Votes public>7.7 sur IMDB ; France : 8.3 (France)
Critiques presse>USA : 7.3 (metacritic)
Note globale = 8- (4-/5)
Satoshi Kon sur PS..... Memories + Perfect Blue + Millenium Actress + Paprika + Décès de Satoshi Kon
Noel sur PS..... Joyeux Noel + Family Man
Japanim sur PS.... Le Château Ambulant + Sword of the Stranger + Nausicaa de la Vallée du Vent + Wonderful Day/Sky Blue + Jin-roh + Pompoko + Les Contes de Terremer + Origine