LOVELY BONES [6/10]
3sur5 Après les interminables aventures de Frodon & Cie puis un King Kong reçu très poliment, le geek bedonnant de service revient pour un nouvel épisode haut-en-couleur mais diamétralement autre : heureux producteur de LA série B qui a tout cassé en 2009 (District 9), Peter Jackson tourne le dos au monumental.
Enfin un peu d'air de la part de l'auteur de Bad Taste, quoique ; ce onzième long rappellera aux aficionados ses Créatures Célestes, sorte d'OCNI, d'hors-sujet planté au milieu de sa filmo, sans doute dans une version plus grand public. Ce dernier adhérera plus facilement que les aficionados du real, habitués à le voir délivrer du film de fan pour fans, un concept qui nous amène à l'improviste à nous interroger sur certaines limites du cinéma.
Une Sylvie Testud junior est assassinée par un pédophile lambda, un Francis Heaulme quoi [Stanley Tucci, du Diable s'habille en Prada notamment]. Rendue à la lisière du paradis, elle observe les conséquences de sa mort sur sa famille et son petit-ami (au futur antérieur), pendant que l'enquête chargée de cerner les causes de sa mort est abandonnée.
Là ou Lovely Bones marque des points, c'est en premier lieu sur le plan humain ; plus que les allers-retours entre l'au-delà présumé et le ''réel'', le thème du deuil appelant ceux de la haine et de la vengeance, bien que traités sans génie -l'éclatement de la cellule familial, comme bien d'autres choses, est peu (sinon pas) développé-, ancrent le public dans le film.
En outre, Peter Jackson est un très bon narrateur, moins monocorde ici qu'à son habitude. Adaptation du célèbre roman La Nostalgie de l'Ange, le film bénéficie d'une histoire prenante et bien que l'enquête soit plus ou moins cohérente, LB se trouve être à sa façon un bon thriller.
Difficile cependant de ne pas regretter le pendant du film pour un public teen voir au seuil de la puberté, lequel s'exprime à plusieurs reprises dans un au-delà au visuel qui sans atteindre la laideur de Narnia se rapproche de ce monde pour geeks en herbe.
Malgré le réel plaisir éprouvé devant cet objet manichéen, sombre et charmant, ces quelques séquences ronflantes au mauvais goût pastel, complètement incongrues et insipides, plus appropriées à une Barbie Casse-noisette les pieds sur terre démontrent que Jackson confond guimauve et grandiose.
Quoiqu'il arrive, Lovely Bones a les qualités propres à ses défauts et inversement. Envoûtant et touche-à-tout, on peut encore lui reprocher un réalisateur un peu démissionnaire côté mise en scène.
Pourtant, on reste captivé par son ambiance générale, sa sincérité et bonne volonté manifeste, son récit lyrique mais sans chichis au-delà de ceux mentionnés. Et cette Susan Sarandon en grand-mère alcoolique éternellement jeune -encore un élément décalé de l'univers du film, mais qui se perçoit comme agrément donc bienvenu-. Lovely Bones prend souvent des allures de grand film décharné, manquant d'épaisseur -mais pourtant pas d'ampleur- pour beaucoup de ses entreprises, tout en étant chargé de flétrissures.
The Lovely Bones**-* Acteurs** Scénario*** Dialogues** Originalité*** Ambition*** Audace** Esthétique** Emotion*** Musique**
Notoriété>12.400
votes sur IMDB ; 200 notes (lendemain de la sortie)
Votes du public>6.8/10 sur IMDB ; 2.6/4 sur AlloCiné
Critiques presse France>1.9/6 selon AlloCiné
En salles au moment de la publication de l'article