IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN **
2sur5 Ce n'est ni le grand moment de communion céleste claironné par les critiques américaines et une foule de cinéphages, ni la bouse nationaliste intersidérale que quelques sceptiques de service prétendent être les seuls à vilipender. En évoquant une des dernières pages effectives de la seconde guerre mondiale, Spielberg rompt avec une tradition américaine accordant le monopole des évocations du genre au conflit vietnamien. Le film marquera surtout pour son introduction ''monumentale'', attestant d'une volonté de prendre le sujet de front. Sans renoncer à esthétiser la lutte des hommes concernés, Sielberg incite le spectateur à ouvrir les yeux sur la conséquence d'une réalité du Débarquement de 1944 occultée par la victoire globale du camp des Alliés : une boucherie. Belle vocation que de signifier sans détours combien l'Histoire retient les résultats mais assurément pas les moyens mis en oeuvre, ni les bataillons sacrifiés. L'audace s'arrête ici.
Le point de départ est assez grossier ; huis archétypes de soldats se mettent en quête d'un seconde classe disparu, James Ryan. Sitôt les vingt premières minutes digérées, le film lance ses personnages dans une centaine de minutes de dialectique creuse. Le spectacle est là, mais le chemin de croix véhicule une foule d'idées insignifiante. Surtout, aussi virtuose soit-elle, la mise en scène repose sur des principes binaires éprouvés : scène ''grisante'' de rigolades au tournant philosophique cheap, scène de montée au front ou balades pré-macabres, puis affrontement direct avec l'ennemi.
Le film tourne à vide et la jeunesse sacrifiée, parce qu'elle est propulsée à l'écran comme une fin en soi, a tout du poussif prétexte tire-larmes. Entre quelques esbroufes désuètes, quelques élans lyriques et une bonne dose de patriotisme cordial [cette solennité, ce grandiose accordé aux institutions et aux autorités agacent, forcément], rien qu'une troupe de fantômes futiles résignée à affronter son destin et assumer sa mission.
On y revient toujours, bien malheureusement, à cette empathie blanche pour la détresse humaine, mais indéniablement, Spielberg prend la chose par le bon bout. Le geste est consensuel et estampillé de façon à satisfaire tout le monde, le vieux réac de base comme l'humaniste au rabais sommeillant en chaque lambda. Mais le film va au bout de ses petites idées et, détail essentiel, ose l'humour, dans une scène particulièrement grave, celle ou est annoncée par erreur la mort de ses frères à un soldat confondu avec le fameux ''Ryan''. Rien de cynique, plutôt quelque chose d'absurde. Tout comme l'est, au fond, cette recherche d'un soldat dont n'est connu que l'état civil. Alors c'est manichéen, quelquefois à la limite d'une niaiserie dans laquelle il arrive au film de plonger [séquence Edith Piaf notamment], mais c'est comme si cette candeur, finalement, n'était encore qu'une façon de tenir le drame à distance. Non pas dans un esprit ou il s'agirait de nier une vérité, mais plutôt d'en atténuer la dureté, même en sachant que c'est dérisoire, juste pour se préserver, ménager quelques moment d'humanité vierge. C'est en cela que le film peut être touchant, même s'il se réduit ainsi à l'état de démonstration sans lendemain.
Saving private Ryan** Acteurs** Scénario** Dialogues** Originalité*-* Ambition*** Audace** Esthétique*-* Emotion**
Notoriété>262.000 sur IMDB (45e du top250) ; 16.000 sur allociné (chiffres record)
Votes public>8.5 sur IMDB (tendance masculine, légère US) ; USA : 8.5 (metacritic) ; France : 8.5 (allociné)
Critiques presse>USA : 9.0 (metacritic)
Note globale selon Cinemagora → 8.6
Les "Classiques Universels" sur Pinksataniste.... Scarface-80's + Vol au-dessus d'un nid de coucou
Matt Damon sur Pinksataniste.... La Mémoire dans la Peau + La Mort dans la Peau + La Vengeance dans la Peau + Le Talentueux Mr Ripley + Ocean's Eleven