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New PS - Sympathy for the Grotesque
22 novembre 2010

L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL ***

oiseau0034sur5 Après avoir co-signé le scénario d'Il était une fois dans l'Ouest avec Bertulocci (ça paraît insensé, mais si!), Dario Argento réalise son premier film en 1970. Il n'a que 29 ans, mais c'est déjà un coup-d'éclat. L'Oiseau au Plumage de Cristal est un vif succès en Italie et mieux encore, il s'exporte brillamment aux Etats-Unis. Ce triomphe annonçait une décennie de giallos à foison et consacrait d'embléeArgento comme le concurrent direct sur ce terrain de Mario Bava [initiateur du genre, mais déjà largement plus old school – il suffit de voir son Hache pour la lune de miel sorti une année plus tard].


Un journaliste américain en déplacement en Italie s'improvise détective après avoir été témoin d'une tentative de meurtre. A partir de trois précédents meurtres du même type dont on n'a pas élucidées les motivations, il se met à la recherche d'un hypothétique tueur de femmes. L'argument pourra sembler modeste, mais il ne fait que masquer l'ampleur d'un métrage ou s'affirment les grandes manies d'Argento, des affres de la mémoire (le héros n'a aperçu qu'une silhouette) à la figure masculine 'intellectuelle'' ou ''séductrice'' se découvrant une vocation d'enquêteur (ce sera le cas dans les deux points culminant de son cinéma ''policier'', soit Les Frissons de l'Angoisse et Ténèbres). En outre, L'Oiseau est le premier de la trilogie ''animalière'' du cinéaste, qui se prolongera et s'achèvera dès ses deux réalisations suivantes [Le chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris] ; la quantité de giallos à venir sur le marché dont le titre incluera un animal sera la plus irrévocable preuve de l'influence de ce coup-d'éclat.


oiseau44600760Mais surtout, dès son premier film, Argento transcende son scripte banal [le scénario en général n'est pas l'atout premier de son cinéma – ce n'est pas un problème, il le démontrera  définitivement avec Suspiria] en cultivant une esthétique ''fétichiste'' [et il ne tarde pas : le meurtre raté se produit dans une galerie d'art] et une atmosphère languissante et ténèbreuse. Du réel mysthifié : le scénario progresse par palier, comme pour poser les enjeux et alors laisser libre cours à la mise en scène de tutoyer l'abstraction [les prémices des meurtres, les déambulations souvent contrariées du personnage principal].


C'est un terrible jeu, plutôt de piste et de tours de force [un jeu du ''chat et de la souris''] que de faux-semblants, comme ce sera le cas dans Profondo Rosso/Les Frissons de l'Angoisse. L'Oiseau sera forcément comparé à ce dernier [l'un pose les bases, l'autre les subjugue], mais il n'est pas sûr qu'il y perde. Il n'est pas aussi éblouissant d'un point de vue plastique, mais L'Oiseau au Plumage de Cristal est lui sans fioritures, quand la propension d'Argento à exhiber les particularités de ses personnages plombera quelque peu la progression des Frissons. Ici, ces facéties, envisagées très sérieusement, n'entravent rien, parce qu'elles sont des accessoires de la construction générale et ne viennent pas occuper l'écran quitte à briser la logique du film [ces digressions seront le seul grand point faible des Frissons].


oiseau44600742A ce stade, on estimerait facilement que l'intrigue est certes moins complexe. Effectivement, elle ne partira pas dans mille et une ramifications. Sauf que c'est oublier la virtuosité des actes de bravoure, d'ailleurs suffisamment édifiants pour marquer un personnage du calibre de De Palma, autre héritier du film noir classique, qui répètera l'une de ses scènes dans un de ses exercices de style, le très hitchcockien Pulsions [le rasoir dans l'ascenseur]. Par la maîtrise précoce et la générosité dont jouissent L'Oiseau, l'oeuvre captive (40 ans après, ce n'est tout de même pas rien !) jusqu'à un final aux révélations renversantes, de celles qui vous font ré-envisager tout ce que vous venez de regarder. Jusqu'à ce tueur narguant ses poursuivants, c'est un film très moderne dans le fond.


 

l_oiseau_au_plumage_de_cristalL'Ucello dalle plume di cristallo *** (8-/10)  Acteurs*** Scénario*** Dialogues*** Originalité*** Ambition**** Audace**** Esthétique*** Emotion*** Musique***

Notoriété>5.000 sur IMDB ; 80 sur allocine

Votes public>7.1 sur IMDB (légère tendance -->+jeune) ; France : 7.5 (allocine)

 

Dario Argento... Les Frissons de l'Angoisse + Suspiria + Ténèbres + Deux Yeux Maléfiques

Giallo... Bloody Bird

Cinéma horrifique italien 70's/80's... Dellamorte Dellamore + Blue Holocaust

Cinéma italien... Le Caiman

Suggestions... Rage (Cronenberg) + Pulsions (DePalma)

 

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