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New PS - Sympathy for the Grotesque
22 septembre 2010

MASSACRE A LA TRONCONNEUSE - REMAKE *

MASSACRE_TRONCO_11sur5 Les amateurs d'idées saugrenues tiennent là une jolie perle : Massacre à la tronçonneuse 2003 ou quand les pontes du cinéma industriel ordonnent le ravalement de façade d'un classique intempestif. Pourtant, aussi underground eut-il pu paraître en son temps, la puissance formelle de celui-ci s'est galvaudée, son intérêt émoussé. Alors, pour un peu que l'initiative ne nous effraie pas tant dans le fond et que nous ne nous considérons en rien comme des gardiens du temple, il y a toutes les raisons d'être ouvert à cette hypothétique résurrection.

 

Malheureusement, cette nouvelle mouture, si elle marquait le retour chancelant de l'épouvante pure dans le monde du cinéma mainstream, n'est qu'un karaoké schématique flirtant parfois avec un second degré très pauvre. Les clichés du genre, manifestement connus et maîtrisés par Marcus Nispel, clippeur chargé de son premier long-métrage par le producteur Michael Bay, sont ici consommés. La réalisation est si lucide à leur sujet que le problème ne tient pas à une incapacité à surmonter ces poncifs ou autres tics post-modernes, mais plutôt à l'inclinaison affirmée vers une certaine complaisance. Le film s'assume en creux pour se contenter de façonner un Massacre comme on en ferait désormais, pour le plus large public possible de surcroît. L'objectif est de la gâter, sans le secouer, ou alors le plus poliment possible.

 

MASSACRE_TRONCO_2Dans ce cas de figure, forcément, cette version ne réactive rien du choc éventuel de l'opus, ne restaure jamais l'aura underground de ce classique cabôché, se contentant de n'être qu'une représentation lissée et toc. C'est là le hic énorme : tout est trop élaboré, tout authentique malaise est esquivé pour un résultat pimpant. Nispel considère son matériau de référence comme un réservoir d'image ; de cette perspective absurde et inépuisable, il tire la force du film. Confiant la photographie à Daniel Pearl, déjà en action sur l'original, il attife son film de quelques idées graphiques intéressantes, notamment lors des séquences comprenant les Deschiens trashs ou encore une brève poursuite en forêt, traversée d'une poésie macabre évoquant vaguement une libre adaptation des contes des Grimm ou de Perrault. Mais cette imagerie ne vaut que pour elle-même et en revient toujours au même voeux chaste d'exotisme bucolique.

 

Le film exprime au grand jour les images suggérées du film d'Hooper, en rajoute dans la violence et les anecdotes scabreuses. Affirmant encore plus nettement les traits un peu branques du précédent, Nispel laisse beaucoup parler sa bande de jeunes présupposés hippies avant de les perdre en milieu hostile. Certaines scènes sont étirées jusqu'à perdre leur sens pour entrer dans une logique quasi-foraine [la place du flic devient inconsidérée, à un point ou celui-ci ne ressemble plus qu'à un ajout opportun], d'autres sont reléguées au statut de gimmick pur et simple et s'accordent de timides caméo. La bouillie s'emmêle, confond un peu. Ce qui a été retenu de l'original ; tout le monde il est freaks, tout le monde il est pas cool.

 

Adressé à une génération d'aficionados de Destination finale, le film saura trouver un accueil favorable chez certains vieux fanas qui apprécieront le présumé coup-de-jeune. Car question racolage, le film écrase son malheureux modèle, lequel ne pouvant plus rivaliser avec la même vigueur aujourd'hui. Un faux documentaire en 16mm encadre le film, comme caution d'authenticité et bel emballage snuff. Bardé d'effets clinquants, parfois beaufs, toujours soignés, ce n'est qu'un joujou propre sur soi, se réclamant chic et choc. Mais son essence est tiède, car bouffie par les canons contemporains, par une petite tension penaude et osant même les rapides explications rasantes, elle annihile tout l'impact politique d'une emblème de contre-culture.

 



 

MASSACRE_afficheThe Texas Chainsaw Massacre – remake*  Acteurs**-* Scénario*-* Dialogues*-* Originalité* Ambition** Audace* Esthétique*-* Emotion*

 

Notoriété>40.000 sur IMDB ; 3.000 sur allociné (800 de plus que l'original)

Votes public>6.1 sur IMDB (tendance +vieux-->+jeune) ; USA : 6.8 (metacritic) ; France : 7.3 (allociné)

Critiques presse>USA : 3.8 (metacritic) ; France : 5.0 (allociné)

Note globale selon Cinemagora → 6.0

Remakes et classiques de l'horreur sur Pinksataniste... Les Griffes de la Nuit/le remake ; Massacre/le remake ; Halloween/le remake

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Commentaires
P
Le mythe "pas saccagé", je n'en sais rien, je n'y suis pas sensible, mais si j'étais fan du MAT originel, le voir ainsi aseptisé m'aurait profondément agaçé. <br /> J'aurais le même sentiment que devant un remake d'Hellraiser transformant le film de Clive Barker en bluette adolescente gentiment trashounette (pas trop, juste pour impressionner et BIEN émouvoir le frêle et prude public - le pauvre, il ne faut pas le casser). <br /> Tu parle beaucoup de qualités techniques et formelles, elles sont bien là, mais le film ne propose pas de visions marquantes. C'est vraiment destiné à la télévision, les moyens en plus.
C
Je suis d'accord, le film n'est qu'une vieille farce qui veut se la raconter avec des effets pseudo-gores mais au final juste ridicules. Bay n'est peut-être pas finalement meilleur producteur que réalisateur. Ce film qu'il produit n'est qu'une lubie, une pale copie du génial long métrage original de Tobe Hooper, mariant à la fois mouvements de caméras fébriles, images estompées et suspense basé sur la "peur de l'inconnue". Ce remake est une honte, une grosse tâche au vrai film, aussitôt vu, aussitôt oublié !
J
Hou là ! Comment se positionner sur un débat aussi radical (qui plus est en ayant aimé ce remake) ?<br /> Hollywood ayant décidé de devenir rentable avec les remakes, quelle formule serait la plus appropriée pour adapter MAT ? Un remake à la Gus Van Sant (son Psychose copie Hitchcock au plan près, seuls changent la couleur et les acteurs, tous excellents) ? Sans avoir vu l'original, je peux imaginé qu'il a choqué à l'époque pour son cachet documentaire et direct (dicté aussi par un budget pas si gros que ça). Sous cet angle, faire ce remake aurait été vain (et les fans auraient probablement tapé dessus avec rage). Marcus essaye donc de jouer la carte du modernisme, d'humaniser ses jeunes pendant une grande scène d'exposition, et privilégie la narration contemporaine et la belle image, aux antipodes de son modèle (modèle que je n'ai pas vu, mais sur lequel je me suis documenté). Le seul écho au style de l'original restera l'introduction "réouverture du dossier Hewitt". La méthode moderne en somme, manquant d'originalité (car obéissant à des codes étouffants : les jeunes meurent, mais le bébé survit), mais permettant une narration claire et fluide. Exit le grotesque des ossements sur le mobilier, place à la suggestion avec de la crasse partout. Ce style, plutôt figé, a probablement été privilégié pour maintenir encore le suspense pour ceux qui n'ont pas vu l'original. Nispel fait donc de nombreux choix pour adapter le mythe aux nouveaux goûts (une jolie image, une narration jouant sur la tension (inefficace probablement pour les fans de la saga) et une iconisation de son tueur). Sur ce dernier point, j'ai trouvé que Marcus réussissait plutôt son coup, car Leatherface se révèle plutôt impressionnant dans ses apparitions, gagnant en menace ce qu'il perd en décalage (il délaisse le costume d'homme d'affaire pour un tablier de boucher, il opère vite, et ressemble vraiment à l'ogre des contes que nous avons adorés plus jeunes).<br /> En ce qui concerne la famille de Leatherface, R Lee Ermey joue constamment sur le décalage entre les institutions que le personnage est sensé représenter, et ses actions (d'où un certain humour second degré, bienvenu si le film est pris avec légèreté, douteux et tendance si l'analyse se veut cassante). Les autres personnages essayent de suivre dans la folie, mais ne se révèleront jamais à la hauteur de ces têtes d'affiches.<br /> M'attendant à une boucherie éclaboussant l'écran, j'ai donc été surpris (agréablement) par la retenue apparente du gore, la photo à l'ancienne, et à l'histoire en elle même (vu que c'était mon premier contact avec la saga, je n'ai pas détesté, malgré une mécanique dont on se sort jamais vraiment (fuite, trouvé !, fuite, trouvé !, fuite, confrontation... ou encore ce pseudo-stress dans les véhicules, où le Shérif Hoytt trouve la mort)). Sans être un chef d'oeuvre, ce film ne ternit pas la réputation de ses prédécesseurs (qui tournent d'ailleurs méchamment en rond depuis massacre à la tronçonneuse 3 d'un point de vue originalité). Du moins je le ressens ainsi.<br /> Après, je ne nie pas que le projet est entouré par un certain racolage et une odeur d'attrape-fric (les budgets original/remake parlent d'eux mêmes), mais le mythe n'a pas été totalement saccagé (mis à part son "aseptisation"), alors que d'autres, tentant de faire revivre l'ambiance de l'original se sont méchamment plantés (Vendredi 13, du même réalisateur).
2
Une belle métaphore avec la poubelle :)
P
Oui, ce jugement est tout à fait valide. Tu as été embarqué, dans ce cas c'est que le film est opérant. Moi je n'ai eu aucune sensibilité pour lui, à deux-trois scènes citées. A la limite, le remake de Freddy, tout aussi vide et consensuel, m'a moins ennuyé (plus fait "plaisir" ? peut-être). C'était assez minable éthiquement parlant (le pédophile étant le Mal de ce siècle, il faut voir comme la garde nationale accoure - et la super-vengeance), mais bon, il approche de la surface de la poubelle, alors que MAT, là ou il est, je n'irais plus le chercher.
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