THE HUMAN CENTIPEDE *

2sur5 Accompagné d'une aura de scandale quasi-comparable à celles des récents Philosophy Of A Knife ou Snuff 102, The Human Centipede est la preuve qu'une idée saugrenue ne fait pas forcément un bon OCNI : celui du réalisateur Tom Six en tout cas vole assez bas. Le pitsch : le Dr.Joseph Heither, ancien chirurgien ayant séparé des siamois, a l'ambition de créer un mille-pattes humains en reliant trois personnes par voie anale (bouche-à-cul).

The Human Centipede fait dans le too much, délibérément. Tom Six dit avoir voulu se moquer d'un cinéma à la Saw et il a manifestement respecté son programme à la lettre, mettant en scène deux futures victimes, féminines, qui parlent beaucoup, beaucoup trop. Un pneu crevé, elles partent à travers-bois trouver quelqu'un qui pourra les aider, non sans avoir croisé un vieux pervers entre-temps, puis lorsqu'elles rencontrent le dr.Heither, elles demeurent relativement passives en dépit de ses allures très inquiétantes.

C'est bien, le moquage, mais ça ne fait pas un film ; Six a le bon goût de n'imiter que sur le papier. Mais au-delà, l'univers qu'il met en place est relativement plat, manque d'imagination : peu d'idées, peu de choses se greffent à un scénario minimaliste et opportuniste [toujours ces incohérences dans les réactions et comportements, mais c'est à moitié pour de rire, donc c'est (censément) pas grave] : une tentative d'évasion tout au plus, puis deux gimmicks vite expédiés [le délire ''démiurge'' du Dr., mais vite fait ; le japonais qui le prend pour un nazi], avant que le tout ne s'achève de la façon la plus banale qui soit.

Il est certain que The Human Centipede a été en quelque sorte ''survendu'', le film constituant plus un délire grand-guignol [il serait, selon son auteur, le résultat d'un pari effectué lors d'un repas arrosé suite à une répartie de mauvais goût] qu'une expérience ''choc'', et c'est sans doute tant mieux. Qu'on ne s'étonne pas cependant que le pataud Tom Six soit tenu pour un cinéaste à buzz, car son film manque d'inspiration et dans ces conditions, n'a rien de dérangé. Il en émane quelques bribes burlesques sans grâce, rien de plus. Le script est original, intéressant car un peu fou, mais le film lui est un ratage global. On pense à Sheitan alors que Human Centipede se voudrait un Martyrs désaxé.

Une suite est déjà envisagée et transformer l'essai n'est pas forcément à exclure puisque cette ''first sequence'' n'est qu'un brouillon, un ''premier jet'' rachitique. Il serait de bon aloi de mettre les bouchées doubles la prochaine fois et de choisir, d'assumer la farce, l'horreur psychologique [le film se révèle vaguement malsain lorsque Six insiste lourdement sur les états d'âmes des cobayes], l'un ou l'autre ou même les deux. Que le court à rallonge devienne un long digne de ce nom, en somme.

The Human Centipede (first sequence)*  Acteurs**-* Scénario* Dialogues* Originalité** Ambition*** Audace*** Esthétique*-* Emotion**

Notoriété>4.500 sur IMDB ; 60 sur allociné

Votes public>5.2 sur IMDB (légères tendances US & masculine) ; France : 5.8 (allociné)

Note globale = 5+ (2+/5)

OCNI sur PS....   Philosophy Of A Knife + Sex Addict

Suggestions....  13 jeux de mort + Blue Holocaust (à venir)

Comments

[eelsoliver]

décidemment, tu es vraiment très exigeante... Perso, je veux bien voir des films trashs (the Human centipede et the collector) de cette trempe tous les jours.

[pinksataniste]

Le délire autour du docteur démiurge est une bonne idée, c'est indéniable. J'espère que le réalisateur saura transformer l'essai dans le second ; ici, je suis vraiment resté sur ma faim.
J'ai vu The Collector, il arrive très prochainement sur le Blog. J'en attendais assez, les comparaisons, bien que mesurées, à Argento, ne relèvent pas de promesses anodines. J'ai été un peu déçu..

[eelsoliver]

tout comme Foxart, j'ai adoré cette expérience unique, véritable allégorie sur ces apprentis sorciers qui cherchaient à jouer à dieu dans les camps de concentration.
Pour le coup, je te trouve bien sévère... Enfin, vivement la suite !
Sinon, rien à voir avec ce film, si ce n'est pour le côté trash, mais je te conseille the collector.

[pinksataniste]

J'oubliais, le message d'"Irène" reste, je ne supprime plus rien désormais, même pas les pubs, même si c'est pour du shampooing ou des croquettes pour chiens. Ca fait gonfler les chiffres, ça met tout le monde d'accord, et j'ai juste à faire semblant de ne rien voir. Et ainsi, on ne me reprochera plus d'être "stalinien", "féministe" ou même "méchant" (sic).

Tout le monde peut donc dire N'IMPORTE QUOI désormais !

[pinksataniste]

2FLICS, DASOLA, YUFFIE (et Irène aussi éventuellement !), je vous le conseille tout de même, histoire de se frotter à un film au pitsch hors-norme qui pourrait très bien vous plaire. Surtout que la violence, physique ou morale, est franchement absente de Human Centipede (pas de gore, du tout). Et le climat n'y est pas oppressant. C'est juste "barré", officieusement.

FOXART, déjà, merci de l'avoir vu, je me sens moins seul - parce que sur ce genre de films, les clients sont rares, ou relativement dégénérés, ou juste trop allocinéens.
Bien sur que c'est volontaire, cet humour, et qu'on le perçois. Mais j'ai trouvée la farce molle, tournant à vide. Ce que je lui reproche c'est surtout son manque absolu d'imagination. Au-delà de l'accroche, il n'y a presque rien dans ce film : manifestement, le réalisateur n'est qu'un faiseur, un petit malin, maîtrisant l'outil mais sans aucun talent particulier, et sans style distinctif -limite sans style, en fait.
Pour moi, c'est du "pétard mouillé", quelque soit l'intention ou la façon dont on l'aborde (sauf bourré peut-être, ou l'esprit léger et guilleret sur le moment), je l'ai vu totalement passif. "Ca se laisse voir",comme un modeste épisode de série TV française.
J'aurais préféré l'oeuvre d'un zeddard sincèrement fêlé, qui éventuellement ne cherche même pas à donner sens à son film : le coup du "je voulais me moquer des films à la Saw, c'est une belle couverture, très passe partout, totalement gratuite, trop évidente (ba oui, taper sur le leader du marché, alors qu'en vérité tout le monde le moque déjà) ; ok, et maintenant, le film, il est ou ? La "dénonciation" potache, je trouve ça très nain. Même pas petit, nain dans le cas présent.
Je ne demandais pas du Frank Henenlotter, mais tout de même. J'ai l'impression que c'est l'oeuvre d'un quelconque étudiant en cinéma qui aurait voulu se délasser...

L'acteur principal en revanche, est une belle prise, oui. Une gueule, appropriée de surcroît, une sorte de Klaus Kinski peut-être aussi...

Affaire à suivre tout de même, malgré ma déception (qui n'est pas "si" totale).