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New PS - Sympathy for the Grotesque
4 août 2010

JE SUIS UNE LEGENDE *

IAMLEGEND_11sur5 Mirage de bonnes intentions, l'adaptation enfin aboutie du roman-culte de Richard Matheson I am legend, dont l'héritage n'aura été prégnant que dans les libres-adaptations de Romero [le cinéaste à zombies], est une sorte de catalogue de visions de l'apocalypse selon Hollywood. En temps de vaches maigres de surcroît.

 

Dans un premier temps, le film se concentre exclusivement sur le dernier résident d'un New York vide, prétexte à de jolies visions d'un Will Smith seul au milieu des ruines du monde contemporain. Pour compenser avec les risques encourus d'un parti-pris si casse-gueule que celui d'abandonner la caméra au vide et au silence, des efforts accrus sont concentrés autour du versant ''intimiste''. Au-delà de la présence opportune d'un brave compagnon aux côtés de Smith, la pellicule se laisse submerger par des flashbacks réitérant à la mémoire du héros l'ultime soirée d'avant-chaos.

 

Le geste est aussi balourd que disneyen ; dommage, car le film s'avance vers la bonne voie lorsqu'il nous permet d'assister à la fabrique d'auto-mythologie opérée par son dernier survivant. A la façon d'un vieillard qui se parlerait à lui-même pour ressasser les mêmes idées clarifiantes, lui simule sans conviction d'être l'acteur d'une vie parallèle qu'il mettrait en scène au seule moyen d'une imagination stimulée par des besoins immédiats.

 

Mais il n'y a aucun enjeu là-dedans. Cet espèce de condensé biblique ampoulé et esthétisant, dont le lyrisme s'abîme dans l'obstination à étirer une seule et même scène originelle, ne fait qu'emprunter la silhouette high-tech de ses références. On regretterait presque que pour authentifier la sincéritude de leur démarche, les studios aient pris la peine de payer des droits d'adaptation. Car à quoi bon se fournir une caution si le but n'est que d'en lobotimiser les arguments à destination d'un public de non-initié lequel, stupéfié par l'originalité d'un tel concept, ne percevra même pas les pseudo-nuances (quand les amateurs du cinéma et de la culture dans laquelle Je suis une légende prétend s'inscrire seront eux déçus d'un compte-rendu aussi pauvre et schématique) détournées pour simuler une veine auteurisante. Des infectés notamment, rien n'est évoqué de plus profond que leur aspect monstrueux ; ce sont juste de grognons et suintants mutants de jeu vidéo, d'ailleurs leur allure n'effraie pas notre héros blessé mais déterminé, manifestement peu au fait lui aussi de leur éventuel vampirisme, plus encore de leur portée politique.

 

Dans son dernier tiers, le film s'enfonce dans le prêchi-prêcha et la bêtise de sa parabole en devient presque gênante. Lorsqu'il tente de restaurer la culture mainstream de l'ère 1945-2001 et en dresse la synthèse, Will Smith fournit presque matière à ne rien regretter d'un monde aussi étriqué et infantilisant. Pire encore que de ludiques brèves de comptoirs, c'est de l'humanisme de salon de coiffure envoyé dans un gant de velours. Les naives écovations du dense et (parfois) nébuleux 28 jours plus tard, jamais sentencieuses, touchaient aux ''vérités de l'âme humaine'' bien plus aisément, quand ici on ne récupère que leur lacrymal profil en carton.

 

Stylé dans son domaine, le tâcheron Francis Lawrence serait-il appelé, après le non moins interminable Constantine, à devenir le nouveau Roland Emmerich ? Son vernis branchouillé officiera en tant que nuance. A moins que Lawrence se décide à exploiter le potentiel des univers qui lui sont confiés. Dans ses deux premières productions, l'esquisse en ouverture sait tendre des promesses autrement intéressantes que les creuses conclusions des fanfaronnes bagatelles vers lesquelles il se détourne bien vite.

 

IAMLEGEND_AFFI Am Legend* Acteurs** Scénario* Dialogues* Originalité** Ambition** Audace* Esthétique** Emotion*

 

Notoriété>150.000 sur IMDB (gargantuesque) ; 12.000 sur allociné (très fort)

Votes public>7.1 sur IMDB (tendance +âgé-->+jeune ; légère US) ; USA : 6.9 (metacritic) ; France : 7.0 (allociné)

Critiques presse>USA : 6.5 (metacritic) ; UK : 6.0 (screenrush) ; France : 5.3 (allociné)

Note globale selon Cinemagora → 6.7 (3/5)

 

Apocalypse sur Pinksataniste... 28 jours plus tard / 2012 / Le Livre d'Eli / Nausicaa de la Vallée du Vent / L'Age de Glace 2 / ...

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Commentaires
C
Je l'ai trouvé assez sympa, mais il faut le prendre pour ce qu'il est : un simple divertissement. Le premier film, Le survivant, était beaucoup plus fort. Ici, c'est une petite promenade hollywoodienne dans un New York vide. Il ne faut certes pas y voir un message philosophique, il n'y en a pas !
2
Comme Max, j'ai trouvé le film sympa. Certes, c'est pas du grand art, mais je trouve que le film se laisse voir. Quelques idées - mal exploités certes - viennent égayer le film. Seul la fin m'enchante pas.
P
MAX : Effectivement cette anecdote change tout. Enfin tout de la fin (donc, peu à l'arrivée). Là, on a un produit "disneyen" et surtout, insipide malgré le talent de mise en scène de Lawrence. Mais après Constantine (vu il y a peut-être trois ans..), j'ai le sentiment que c'est vraiment le Fulci des années 2000 (toutes proportions gardées, etc, bien sur) : esthétique sophistiquée, racée au possible... dont il ne fait rien (pas d'imagination ? pas d'initiave ? pas d'ambition "auteurisante" ? un minimum, parfois, ne fait pas de mal) ou qu'il ramène bien vite vers des terres plus "normées".<br /> <br /> MARIA JULIA : Quelle saine méchanceté ! Tu est vraiment cruelle cela dit... Will Smith, j'ai le sentiment qu'il n'est jamais meilleur que dans des comédies standards. Dans un film d'action, il ne passe pas... trop "BG rigolo" de service.. <br /> <br /> <br /> <br /> Sans transition, si ''LAPIN BLEU'' repasse, et même si c'était quelqu'un de bienveillant et fragile derrière le copié-collé, ce genre de commentaires n'a pas sa place sur ce blog.
M
J'ai trouvé ce film d'une platitude incroyable. Certes, quelques séquences de fin de jours permettent de relever le tensiomètre mais rien de bien marquant. Will Smith m'avait habitué à bien mieux et là (comme je l'ai mis dans ma critique), j'étais plus émue à la mort de son chien que lors de son sacrifice final. Et dire qu'ils font une suite (...)
M
J'ai trouvé ce film assez réussi. Certes ça n'atteint certainement pas les sommets du chef d'oeuvre écrit de Matheson, mais pour moi ça reste du divertissement honnête. Tu parles de flash-backs balourds, mais je les trouve plutôt bien ammenés, brutaux mais utiles et pas trop abusifs. Mais il faut certainement regretter le Deus Ex Machina de l'autre survivante qui se ramène, qui sauve Smith et le sort de sa solitude paranoïaque. Dommage. Sinon Pink je te conseille la version alternative (que l'on peut qualifier de Director's Cut je pense) proposant une autre fin bien plus crédible et effaçant totalement l'aspect biblique dont tu parles (véridique dans la version cinéma, mais totalement absente de cette version) et qui va jusqu'à donner finalement de l'empathie pour les créatures, le leader venant récupérer sa pseudo-femme et non pas dézinguer Will Smith. Selon les dires du réalisateur, la fin de la version cinéma lui a été imposée par les producteurs... Tu peux voir cette fin alternative sur Youtube je pense. <br /> <br /> À noter qu'une préquelle est en préparation, toujours avec Lawrence aux commandes et Will Smith devant la caméra, racontant en détails l'étape de la contamination.
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