DARK FLOORS
3sur5 Attendu au tournant, Lordi connaît avec Dark Floors l'envers de la médaille. Après que sa notoriété ait explosée suite à la victoire de son groupe de métal ''ludique'' lors de l'édition 2006 du kitschement pompeux concours de l'Eurovision, Putaansuu alias Mr.Lordi peut mettre en chantier un film sur son idée, dont il confie la réalisation à son ami Pete Riski, par ailleurs concepteur visuel de la formation. Mais le scepticisme l'emporte et les spectateurs préfèrent précipiter l'oeuvre dans les poubelles du cinéma, se contentant de ne voir dans cette présupposée panoplie monstrueuse qu'un égoiste objet promotionnel.
Il s'agit pourtant d'une série Z pas si outrancière [les gimmicks sont bien ménagés], rigoureuse et finalement, assez intrigante. Détournant les clichés du genre pour les réemployer avec jubilations, cette farce souvent insidieuse mêle diverses inspirations [on recense au moins quatre scénaristes] unifiées en une même sensibilité, bien que soient égarés quelques détails abscons.
Quelques figures types [le ''fou'' de service, le froussard rationnel, le flic, la jolie infirmière, le héros et son enfant à problème] réunies dans un hôpital se trouvent aux prises avec les aléas de l'espace-temps. Ce lieu urbain, austère et aux allures un tantinet monacal, éventuellement source de quelques spéculations mal placées, sera le terrain d'expérimentations parfois inabouties, toujours fringantes, ou Lordi et son équipe affirment leur goût pour le contraste grandiloquent et le simulacre roturier impulsif.
Jamais cet outil forain et alambiqué ne relègue ses arguments au rang de prétexte ; ainsi, le personnage de Tobias en particulier transcende son état, le sorcier prédicateur adoptant les traits d'un vieux grigou chancelant [la prestation de Ronald Pickup est remarquable, surtout dans un domaine aussi pauvre du cinéma que celui de l'horreur bis]. La galerie d'ombres et créatures menaçantes, bien qu'à la cohérence ténue, se déploie généreusement, mais il n'est pas question d'en abuser.
Probablement pourvu initialement d'une vision de clip originale, Lordi a confectionné un long plus qu'honorable en subdivisant les tâches, esquivant le piège de la représentation monomaniaque. Et si cet écrin semble s'enliser en mi-parcours dans sa course à l'absurde, il sait relancer constamment la curiosité, suscitant une attention amusée jusqu'à son dénouement à rallonge un peu poussif.
Dark Floors** Acteurs*** Scénario*** Dialogues** Originalité** Ambition** Audace** Esthétique*** Emotion**-*
Notoriété>2.600 sur IMDB ; 77 sur allociné
Votes public>4.6 sur IMDB (légère tendance US) ; France : 3.5 (allociné)
Note globale selon Cinemagora --> 4.2