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New PS - Sympathy for the Grotesque
3 mai 2010

FREDDY - CHAPITRE 3 : LES GRIFFES DU CAUCHEMAR

FREDDY_3_03sur5 A l'intention des non-fans : de tous ceux qui ont voulus plonger de façon un peu hasardeuse dans la mythologie Freddy, il n'est pas certain que tous en soient revenus le coeur en fête. En effet, après des Griffes de la Nuit ambitieuses, honorables mais somme toute assez plates, la franchise semblait déjà périmée avec Freddy II, l'un des films de studio les plus branques et pitoyables de sa décennie. Mais à peine deux années plus tard, le légendaire boogeyman ressurgit : or c'est Chuck Russell qui prend les choses en mains et à moins de le découvrir se complaire dans une série B pour boutonneux, on est en droit, depuis notre contexte de cinéphage désabusé du IIIe millénaire, de réclamer un produit plus « blobesque » [le fervent et fabuleusement con Blob sort un an après], qui remettrait cette saga naissante sur les rails et ferait de Freddy un véritable comique avec un authentique second degré, sens de la bouffonnerie et de la grandiloquence bidon. Ou une vraie figure horrifique !

 

Sans les maladresses ni la foi aveugle en ses excès tape-à-l'oeil du premier opus, Freddy 3 respecte assez scrupuleusement les avatars de sa mythologie, mais booste son langage. L'emprunte de Wes Craven s'impose en toile de fond mais de nombreux choix divergents s'y ajoutent ; ne jetant pas l'éponge comme il le fit sur Freddy 2, il laisse aux producteurs de la saga un scénario largement réécrit par le tandem pour le moins improbable Russell/Darabont. Si sa créature lui semble définitivement dépossédée, ses pérégrinations trouveront ici leur point d'orgue, avant la décrépitude totale.

 

freddy_3_1Avec le très moyen sixième volet qui tentera de mettre un terme à la saga, Freddy 3 est celui qui cherche le plus à amplifier l'univers du croquemitaine et à en explorer de nouveaux horizons. Plus axé sur le fantastique que l'horreur pure, le film permet à ses adolescents d'exploiter leurs rêves, leur permettant d'y déambuler afin de pouvoir mettre fin à Freddy et de facto à leurs cauchemars.

 

Se recentrant sur la figure de Freddy, qui s'amuse davantage à apparaître dans des contextes sereins [qu'une fillette se repose sur une figure paternelle rassurante et il se révèle ; en ce sens, Freddy 3 est la seule suite à tutoyer les thématiques du film de Craven], le film a vieilli mais sa désuétude plutôt que de l'handicaper lui confère aujourd'hui une touche vintage qui lui sied bien [quand les 2 et 4 s'embourberont dans une esbroufe passée has been depuis longtemps]. Mariant le spectaculaire, l'horrifique et le grand-guignol avec une efficacité indéniable, l'ensemble est inventif et tend parfois au délire carnavalesque, graphique [à partir de rêves d'ados complètement décérébrés, le film est bien plus darky visuellement] comme scénaristique, mais avec toujours une main de fer pour canaliser ce goût pleinement assumé pour l'absurde afin que les déviances ''fun'' ne basculent pas dans un ridicule involontaire prenant le pas sur le grotesque gratuit.

 

Le compromis entre un récit suffisamment consistant et une dose polie d'initiative avec la légèreté acquise sans effort [mais avec volonté] permet la réussite de cette entreprise honnête et régressive, aux ambitions récréatives menées à leur terme. Cette effusion de gadgets, de gore et d'ironie donne curieusement force à un mythe, l'enrichit en tirant vers le haut son potentiel grandiloquent, tout en s'affirmant en réel film d'épouvante, explorant . Et s'il considère souvent ses personnages et même son intrigue avec dérision [répliques à la bêtise ironique ; malades qu'on nous invite à davantage prendre pour des imbéciles que pour des sommes d'angoisse ; pittoresque scène de la journaliste TV ; lycéenne se rêvant punk et rebelle jusqu'au bout des ongles...], c'est avec une empathie sincère, derrière la couche de bouffonneries, qu'il jette son dévolu sur d'authentiques peurs ou préoccupations adolescentes, la tentation du suicide en tête.

 

freddy_3_afficheA Nightmare on Elm Street - Part 3 : dream warriors** Acteurs*** Scénario** Dialogues** Originalité**-* Ambition*** Audace** Esthétique**-* Emotion**

 

Notoriété>16.200 sur IMDB ; 650 sur allociné (supérieur à Freddy 2)

Votes public>6.3 sur IMDB (2e, ex-aeco avec Freddy 7) ; France : 7.3 (allociné ; 2e)

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Commentaires
P
C'est exactement la virée en train fantôme qui a fait pencher la balance ; le film digère ainsi beaucoup plus aisément que "les griffes" son irrémédiable coup de vieux. Et hormis Freddy 7 (l'"hors-série"), c'est bien le meilleur de la saga, celui qui emploie le mieux ses ressources, à mi-chemin entre la grandiloquence 1er degré du film de Craven et celle plus "seconde" de sa floppée de successeurs... Je ne serai pas aussi élogieux pour Freddy 4, mais tu pourras voir ce que j'en pense sous peu...
B
La meilleure suite (même si le 4 m'a beaucoup plu, j'avoue qu'on est déjà plus dans le nanar). C'est le seul en tout cas qui sait vraiment marier l'horreur et le comique ; on se marre plus qu'on frémis, mais ça reste un sacré tour de train fantôme, jouissif à souhait ("carnavalesque", je suis complètement d'accord ; et en même temps c'est fait très sérieusement : "la main de fer pour canaliser", j'te suis aussi). A lui tout seul, sans avoir vu les autres, il vaut la peine qu'on fasse le détour ; la preuve, tu n'a pas vraiment aimé l'original, et celui-ci tu y as adhéré.
P
Non, celui que tu évoques est le 6e, soit "la fin de Freddy", dont les effets visuels faisaient effectivement plus ou moins pitié (avec notamment la fameuse scène du jeu vidéo, on ne peut plus ringarde, mais bon..)
F
ça n'est pas celui là qui était sorti en relief tout pourri ?
P
EELSOLIVER : J'ai l'impression que ce troisième opus, davantage dans la lignée des "griffes de la nuit", se contente d'y être fidèle pour ne pas partir tête baissée vers l'inconnu, mais développe et amplifie toute l'exubérance qui restait "mal gérée" dans le 1. En substance, c'est plus grand-guignol, sans s'arrêter sur des scènes "horrifiques" complètement surannées et aux effets bien lourd, comme c'était le cas dans les Griffes.<br /> FREDDY 2 fait atterrir le croquemitaine dans la réalité en plus des rêves, mais c'est sa seule initiative, le reste n'est composé que de séquences tape-à-l'oeil, méchamment ringardes et empruntées.<br /> <br /> <br /> 2FLICS : Regarde au moins les 1,3,7, un jour, pour t'en faire une idée. J'ai dis un jour.
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