FREDDY - CHAPITRE 3 : LES GRIFFES DU CAUCHEMAR
3sur5 A l'intention des non-fans : de tous ceux qui ont voulus plonger de façon un peu hasardeuse dans la mythologie Freddy, il n'est pas certain que tous en soient revenus le coeur en fête. En effet, après des Griffes de la Nuit ambitieuses, honorables mais somme toute assez plates, la franchise semblait déjà périmée avec Freddy II, l'un des films de studio les plus branques et pitoyables de sa décennie. Mais à peine deux années plus tard, le légendaire boogeyman ressurgit : or c'est Chuck Russell qui prend les choses en mains et à moins de le découvrir se complaire dans une série B pour boutonneux, on est en droit, depuis notre contexte de cinéphage désabusé du IIIe millénaire, de réclamer un produit plus « blobesque » [le fervent et fabuleusement con Blob sort un an après], qui remettrait cette saga naissante sur les rails et ferait de Freddy un véritable comique avec un authentique second degré, sens de la bouffonnerie et de la grandiloquence bidon. Ou une vraie figure horrifique !
Sans les maladresses ni la foi aveugle en ses excès tape-à-l'oeil du premier opus, Freddy 3 respecte assez scrupuleusement les avatars de sa mythologie, mais booste son langage. L'emprunte de Wes Craven s'impose en toile de fond mais de nombreux choix divergents s'y ajoutent ; ne jetant pas l'éponge comme il le fit sur Freddy 2, il laisse aux producteurs de la saga un scénario largement réécrit par le tandem pour le moins improbable Russell/Darabont. Si sa créature lui semble définitivement dépossédée, ses pérégrinations trouveront ici leur point d'orgue, avant la décrépitude totale.
Avec le très moyen sixième volet qui tentera de mettre un terme à la saga, Freddy 3 est celui qui cherche le plus à amplifier l'univers du croquemitaine et à en explorer de nouveaux horizons. Plus axé sur le fantastique que l'horreur pure, le film permet à ses adolescents d'exploiter leurs rêves, leur permettant d'y déambuler afin de pouvoir mettre fin à Freddy et de facto à leurs cauchemars.
Se
recentrant sur la figure de Freddy, qui s'amuse davantage à
apparaître dans des contextes sereins [qu'une fillette se repose sur
une figure paternelle rassurante et il se révèle ; en ce sens,
Freddy 3 est la seule suite à tutoyer les thématiques du film de
Craven], le film a vieilli mais sa désuétude plutôt que de
l'handicaper lui confère aujourd'hui une touche vintage qui lui sied
bien [quand les 2 et 4 s'embourberont dans une esbroufe passée has
been depuis longtemps]. Mariant le
spectaculaire, l'horrifique et le grand-guignol avec une efficacité
indéniable, l'ensemble est inventif et tend parfois au délire
carnavalesque, graphique [à partir de rêves d'ados complètement
décérébrés, le film est bien plus darky visuellement] comme
scénaristique, mais avec toujours une main de fer pour canaliser ce
goût pleinement assumé pour l'absurde afin que les déviances
''fun'' ne basculent pas dans un ridicule involontaire prenant le pas sur le grotesque gratuit.
Le compromis entre un récit suffisamment consistant et une dose polie d'initiative avec la légèreté acquise sans effort [mais avec volonté] permet la réussite de cette entreprise honnête et régressive, aux ambitions récréatives menées à leur terme. Cette effusion de gadgets, de gore et d'ironie donne curieusement force à un mythe, l'enrichit en tirant vers le haut son potentiel grandiloquent, tout en s'affirmant en réel film d'épouvante, explorant . Et s'il considère souvent ses personnages et même son intrigue avec dérision [répliques à la bêtise ironique ; malades qu'on nous invite à davantage prendre pour des imbéciles que pour des sommes d'angoisse ; pittoresque scène de la journaliste TV ; lycéenne se rêvant punk et rebelle jusqu'au bout des ongles...], c'est avec une empathie sincère, derrière la couche de bouffonneries, qu'il jette son dévolu sur d'authentiques peurs ou préoccupations adolescentes, la tentation du suicide en tête.
A Nightmare on Elm Street - Part 3 : dream warriors** Acteurs*** Scénario** Dialogues** Originalité**-* Ambition*** Audace** Esthétique**-* Emotion**
Notoriété>16.200 sur IMDB ; 650 sur allociné (supérieur à Freddy 2)
Votes public>6.3 sur IMDB (2e, ex-aeco avec Freddy 7) ; France : 7.3 (allociné ; 2e)