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New PS - Sympathy for the Grotesque
27 avril 2010

UN PRINTEMPS A PARIS [3]

un_printemps_a_paris_11sur5 Avec ses allures de recalés de l'INA, Un printemps à Paris ressemble à une blague ratée et mollassonne. Très fermement téléfilmique, aussi bien pour sa réalisation sans effort [ce qui n'est pas un mal en soi], ses intrigues croisées convenues que pour ses dialogues d'Audiard de bac à sable, le film de Jacques Bral est si désuet et goitreux qu'on s'étonne assez de la présence d'un tel objet dans les salles. Tellement engoncé dans les codes qu'il entend fouler jusqu'au dernier avec une indolence activiste, ce pastiche de nature antédiluvienne ressemble à une sorte de sous-Nestor Burma [référence déjà pas particulièrement post-moderne], ré-exploitant globalement les même ingrédients sans jamais distiller ce charme qui lui permet de maquiller les grosses ficelles.

 

C'est peu dire que le néophyte aura la forte impression d'un spectacle ou tout tourne à vide. Cherchant à restituer l'ambiance d'un cinéma et d'un univers d'autrefois, Bral ne parvient jamais à donner de style à son entreprise, accumulant les choix esthétiques rudimentaires. Les mécanismes du polar exigeraient, et le réalisateur le revendique, que son récit se déroule dans un cadre ordinaire, aussi ce domaine seul ne sera pas sacrifié à la demi-mesure, la banalité étant taraudée jusque dans ses derniers retranchements.

 

PRINTEMPS_PARISPétrifiées dans une pose lancinante tendant à l'auto-contemplation surannée typique, ces désespérément traditionnelles 90 minutes qu'on rêverait de passer en accéléré se consacrent à un défilé de poncifs censé appeler la complicité du spectateur. Romantisme à l'ambiguité trop naive, gueules de biais forcées, noirceur ''édulcorée'', cynisme bidon, Un printemps à Paris se révèle incapable d'adopter une autre posture qu'une mise en perspective fadasse de tous ses ingrédients, en quatre mots par un nivellement par le bas. La faute en incombe à cette recherche permanente d'une ivresse étrangère à toute fraîcheur, ce qui fait ressembler le film à un vieux fossile essayant péniblement de se requinquer, mais se condamnant à l'échec en utilisant des outils usés et artificiels.

 

Lorsqu'il est à son meilleur, Un printemps n'existe plus que pour sa réunion de cabotins. Passons un Jugnot égal à lui-même, les clients affirmés du genre seront heureux de retrouver Jean-François Balmer. Les autres aussi probablement, ce récurrent de Boulevard du Palais [l'une des seules séries policières françaises qui puisse se regarder sans trop d'appréhensions] répond avec fidélité à son enveloppe d'alcoolique aussi perspicace qu'invétéré, tout en jouant cette partition sur une gamme sensiblement divergente, parfois carrément antinomique. Vecteur d'un peu de relief et d'esprit, il s'efface cependant devant un Eddy Mitchell traînant sa caboche sans faire dans la nuance. Et alors que l'écriture lui accorde  une bien plus faible ampleur qu'à ses camarades, Sagamore Stévenin, en tentant de donner consistance à son rôle, se démarque ''négativement'', paraissant d'autant plus hors-sujet face à des fantômes rabougris se baladant en refusant de bouger le petit doigt, vieux monstres considérant qu'ils donnent déjà assez d'eux-même. Ce n'est que faire honneur aux enjeux perclus et sans ambition qu'ils sont supposés illustrer.

 




UN_printemps_a_paris_afficheUn printemps à Paris*  Acteurs** Scénario* Dialogues* Originalité* Ambition* Audace* Esthétique* Emotion*

 

Notoriété>101 votes sur IMDB (minuscule) ; 61 notes sur allociné

Votes public>5.3 sur IMDB (tendance masculine et +45) ; France : 6.0 (allociné)

Critiques presse>France : 4.3 (allociné)

 

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Commentaires
2
Mais je ne critiquait pas Mitchel. Moi, j'adore quand il fait du rentre dedans. Surtout dans LE BONHEUR EST DANS LE PRE.
B
Ca m'a tout l'air du téléfilm de france 2 un vendredi soir. J'ai vu le film dont tu parle dans ton commentaire et si il est bien, Eddy Mitchel lui ne m'a pas du tout convaincu, enfin pas plus que ça, on voyait combien à côté des autres il n'était pas un vrai acteur.
P
Je n'ai vu que trop peu de films l'incluant pour en juger "définitivement", mais Eddy Mitchell était épatant dans "A mort l'arbitre". Parfois faux, peut-être avantagé par la stature du film, dont la qualité générale a peut-être maquillé l'éventuel défaut qu'il aurait pu être. De toutes manières, cette seule prestation en a fait à mes yeux un véritable "acteur".
2
Un film que je ne comptait pas voir. Pour Mitchel, il n'a jamais fait dans le nuance dans ses films. Bien au contraire...
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