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New PS - Sympathy for the Grotesque
15 avril 2010

SHUTTER ISLAND [5+]

shutter_12sur5 Une île pour matérialiser un espace mental dérangé, voilà la proposition alléchante du petit grand film bouffi qu'est Shutter Island, qu'elle baigne dans un environnement parano à défaut de faire décoller. Alors que ses précédents réalisations attestaient d'une perte non pas d'allant, mais d'audace, Scorsese est revenu avec un de ces films de petits génies, thriller au pitsch rusé et twist ending qui tue, de ceux qui déclenchent des ferveurs adolescentes [grandes thèses autour de l'éternel thème ''j'ai compris la fin''] et un destin passionné en DVD.

 

Shutter Island est animé par une ambition certaine, un désir d'asséner un spectacle tortueux et labyrinthique. En souhaitant dérouter le spectateur à tout prix -gageure qu'il n'accomplit jamais-, Scorsese fait de son film un fourre-tout, un essai chaotique et plat. S'il semble régulièrement ouvrir des pistes conceptuelles, il ne fait à chaque fois que les effleurer, puis se tasse dans leur direction jusqu'à en boucher la voie d'accès.

 

Le ventre vide, le film repart dans une direction alternative : manipulation, Shoah, dualité et rédemption du personnages, remords et antécédents... Mais tous ces coups d'esbroufes sont anesthésiés non seulement par leur développement boursouflé, mais surtout par leur manque d'originalité évident, chaque séquence étonnant davantage par la force de l'illustration que par un caractère inédit, toujours absent dans le fond.

 

Et l'illustration est belle, elle offre même de temps à autre de belles visions à la fois surannées et post-moderne, académiques et digne d'un pur film de genre, entre épouvante et drame psychologique [cocktail idéal]. Que de jolies idées de séquences à l'expression immédiate, directe, virtuose et creuse, dont l'étirement à l'infini révèle l'absence de consistance au-delà de la frasque grandiloquente sans objet valable.

 

shutter_island_afficheShutter Island** Acteurs*** Scénario** Dialogues** Originalité** Ambition*** Audace** Esthétique*** Emotion**

 

Notoriété>60.000 votes sur IMDB ; 8.000 notes sur allociné

Votes public>8.1 sur IMDB (222e du top250) ; USA : 7.1 (metacritic) ; France : 7.3 (allociné)

Critiques presse>USA : 6.3 (metacritic) ; UK : 6.7 (screenrush) ; France : 7.0 (allociné)

 

En salles au moment de la publication

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Commentaires
P
Ca n'a sauté ni à mes yeux ni à mon esprit. Pas une seconde. Antagonisme total.<br /> <br /> Shutter n'est tout de même pas si imperméable ; Lunch est hermétique, le film de Scorsese est un sympathique exercice d'illusion (laquelle ne fonctionne pas, voilà le problème).<br /> <br /> Comparer cet exercice de style de petit malin (aussi prestigieux soit le nom de Scorsese, ici il essaie de se la jouer sale gosse, non seulement n'y arrive pas mais en plus ses relans de grand maître ne sont plus employés que pour faire figuration) à l'oeuvre d'un géant dont la puissance restera à jamais inaltérable (car échappant à toutes les modes, quand SI s'inscrit dans un registre très défini), me parait sinon inapproprié, en tout cas incroyablement incongru.
W
Content de pas être le seul à ne pas m'emballer !
B
Dans un commentaire (sur alice je crois) tu dit que Lynch est le seul cinéaste qui ne se soit jamais raté une seule fois : pourtant l'univers de ton réalisateur préféré et celui de Shutter Island sont un peu proches quelque part, même si ça ne saute pas aux yeux ?<br /> <br /> Sinon l'idée évoquée dans les commentaires précédents, regarder le film une seconde fois en connaissance de cause, doit faire décupler le plaisir à mon avis, parce qu'on se retrouve devant un autre film différent, comme une re-découverte voir découverte tout court.
A
Je suis assez intrigué par ton argument de la deuxième vision, c'est vrai que c'est un film que j'ai adoré amis que je n'ai pas forcément envie de revoir rapidement. Je pense que la deuxième vision doit être décevante.
P
C'est très clair et même convaincant : l'argumentaire "métaphorique" tient parfaitement. Malheureusement, je n'accorderais pas tellement de crédit à ce genre de prétentions, évoquer le cinéma au cinéma, c'est pour moi un exercice qui finit pas être vain, Scorsese ou pas. On a tout dit là-dessus, des métaphores de l'illusion, du spectacle, toutes digérées... Ce genre de théories formelles plates et snobs ressassent des façons complètement usées. <br /> <br /> Mais sans ce fatras que les graaaaaaaands cinéastes feraient mieux d'user à dose homéopathique, et pour en venir à quelque chose de plus concret, ces visions ne m'ont ni épatées ni fascinées, je suis restée en-dehors. Ce sont des illustrations de haute-volée, soit, démonstration d'un grand talent de faiseur, parfois d'orfèvre (trop rarement), mais qui s'abîment vite et ne prennent jamais aucun relief. Des tableaux passe-partout, fondés sur une vague bonne idée. Ce bout-à-bout de tableaux fait une histoire, mais un grand chef trop apprêté au langage réglé fait parfois moins illusion qu'un jeune chien fou à l'expression chaotique. J'ai dit parfois. Ici, tout se tient à un équilibre précaire ; je n'ai jamais vu le film basculer dans le vide, mais jamais décoller non plus, bien qu'il ait réussi à faire joliment semblant à plusieurs reprises.
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