THE DEVIL'S REJECTS [6/10]
3sur5 On aimerait dire que The Devil's Reject, sorte de fausse suite de La Maison des 1000 morts et premier film de Rob Zombie sorti en salles sur le sol français, participe d'un mouvement qui tend à rénover tout le pan horrifique du septième art, ou plutôt à en réanimer son énergie, son incandescence libertaire. Pourquoi ce n'est pas le cas ? Pas tant à cause des limites que de la singularité de cet objet d'une totale incongruité et qui au yeux du consommateur d'hémoglobines lambda passerait pour le plus aberrant des Ocni.
Road-movie hardcore, horreur rurale, débilité exacerbée, gueules de l'emploi, The Devil's Reject même tout cela pour un cocktail référencé mais personnel, concocté par et pour un public averti, qui à défaut d'être connaisseur du genre, en réclame. Cash, autiste, le film cultive son caractère bissoteux et remémore l'ère ce qu'était le genre en question dans les 70's ; la dimension politique en moins, le spectacle demeure sale, anar et hystérique.
Tant qu'à être bourrin, autant faire la chose dans les formes. Zombie targue son film d'une intrigue éclatée mais limpide, foutraque et enragée, autour de laquelle gravitent une famille de white trashs -les « rebuts du diable »-, un shériff à leurs trousses et leurs victimes. De leurs joies marginales, le réalisateur ne prend aucun recul, aucun parti-pris, préférant s'effacer et avec lui toute notion de premier ou second degré. Avec sa réalisation au rendu volontairement fauchée, Zombie ne trompe personne sur la marchandise.
L'heure est ici à la complaisance plutôt qu'à la vulgarité. En honnête objet trash, le film se pose là et il n'appartient qu'au public de lire un message, une fascination obscure, un affront dans The devil's rejects. Malgré une exposition plus ouvertement comique, Zombie laisse le tout s'enchaîner dans une parfaite fluidité, sans regard autre que celui d'un auteur de seconde zone, détaché de toutes considérations morales, n'agissant que par et pour le fun, avec habitude -ou comme si- : aussi le sadisme outrancier de l'ensemble, mais surtout celui des scènes ou il se matérialise, pourra surprendre jusqu'aux habitués et ferme le film au curieux venu se délecter de l'attraction foraine avec une once de sérieux. Mieux vaut se laisser couler soi aussi, car attarder son regard ou son esprit sur les détails de la dignité humaine confinera à la gêne et dans un terrain que le film ne questionne ni n'ignore, simplement assume de façon ludique sans arrière-pensée.
Carnavalesque en diable, déjanté et globalement très drôle, The devil's reject bouscule son milieu et permet à l'ex-White Zombie d'y marquer non seulement des points mais surtout son empreinte. Dès lors cinéaste respectable, il lui restait à transformer l'essai pour ne pas se cantonner au stade du branquignol virtuose mêlant inconséquence et suffisance. Mission accomplie avec sa version d'Halloween, qui le verra passer à un nouveau stade, peut-être déjà celui de la maturité.
The Devil's Rejects** Acteurs*** Scénario** Dialogues** Originalité**-* Ambition*** Audace*** Esthétique**-* Emotion** Musique***
Notoriété>34.100 votes sur IMDB ; 1.700 notes sur AlloCiné
Votes
du public>6.9 sur IMDB ; France : 6.8 (allociné) ; USA : 6.7 (metacritic)
Critiques
presse France>France : 6 (allociné) ; USA : 5.3 (metacritic)