EDEN LAKE [7/10]
3sur5 Choc en perspective, le film de James Watkins, en-dehors de toute considération critique, magnifie le cahier des charges du bon vieux survival pur, gros coups de malchances et animalité réveillée au rendez-vous. Après un début classique, mettant en scène un couple d'anglais bobo, intelligent et intègre au bord du mariage, la prise de température du milieu et l'exposition de la couleur locale, le film vire bientôt à la très violente chasse à l'homme en forêt.
Au sein de son genre parfois étriqué, Eden lake gagne une dimension supplémentaire par son commentaire social, bien qu'on y rechigne facilement par principe dans un premier temps tant le film se complaît dans des effets d'annonce convenus [cette radio qui nous alerte du danger qui pèse sur les épaules de nos héros].
Avec ses ingrédients classique, des thèmes ou contextes déjà mis en scènes, Eden lake, ne reculant devant rien pour s'accaparer l'essence du survival brut de décoffrage et illustrer son propos, dépasse nombre de ses congénères par l'exploitation de ses ''méchants sans foi ni loi''.
Ainsi, quand Détour mortel s'arrêtait à la représentation monstrueuse de ces derniers ou Ils à entretenir le mystère jusqu'au bout, Eden lake s'inscrit dans une veine contemporaine, qui pourra poser les mêmes débats éthiques que dans le cas du rape-and-revenge [tel La Dernière maison sur la Gauche].
Désabusé autant qu'alarmiste, Eden lake est assurément dérangeant. Ici encore le mal naît de la misère et ce sont les prolos qui s'en prennent à des victimes aussi innocentes que bien-pensantes. Les assassins sont une bande de jeunes « branleurs », comme il convient de dire, menés par une forte tête de cochon. Leur violence est gratuite et sans mobile, ludique et expérimentale.
Enfants direct du beauf anglais medium, avec la bierre pour carburant et l'anti-intellectualisme pour credo, ces tueurs à peine pubère témoignent par leurs exactions de l'état de perdition d'une génération sacrifiée. Eden lake traverse le dangereux terrain de la lutte des classes pour dresser un constat réaliste inquiétant, mais en y proposant une solution toute trouvée : l'éducation, seul remède à sa condition, aussi médiocre soit-elle.
Au fond, Eden lake confirme la capacité de tout le genre horrifique à dépeindre l'état de son époque et de sa civilisation en mixant complaisance et humanisme. Eden lake évite de trop s'empêtrer dans l'auto-réflexion ambigu pour donner matière à son discours facile mais emprunt de bon sens par la force de la démonstration. Le film s'invite donc parmi les débats, s'offrant aussi, et c'est le risque de l'entreprise, à des parti-pris ou interprétations qui pourront être aussi bien douteux, sociaux-thérapeutiques, démagos ou éclairés, toujours pétri de bonnes intentions quoiqu'il en soit. Eden lake n'est donc qu'un pavé dans la marre, pour le meilleur comme pour le pire.
Eden Lake*** Acteurs*** Scénario*** Dialogues** Originalité*** Ambition*** Audace*** Esthétique*** Emotion****
Notoriété>12.200 votes sur IMDB ; 1.100 notes sur AlloCiné
Votes du public>7.0/10 sur IMDB ; 2.6/4 sur AlloCiné (soit 6.5/10 selon Cinemagora)
Critiques presse>2.0/4 selon AlloCiné (soit 5.0/10 selon Cinemagora) (France) ; 6/10 selon Cinémagora-Screenrush (UK)