A PROPOS DE L'EMISSION « CINEMAS » DE SERGE MOATI
Je suis au regret de vous annoncer qu'il n'y a plus de garants de la culture. France 5 qui s'empare du thème du cinéma, on ne peut a-priori que s'en réjouir. Quelle mauvaise langue oserait s'élever contre l'audace de la petite chaîne qui montait encore il n'y a pas si longtemps que ça ?
Il y a un hic, un très gros. Il tient en quelque chose d'aussi infime qu'incommensurable ; du cinéma, Serge Moati, l'institution, la valeur sûre, le vieux sage de la chaîne, ne connaît rien. Rien de plus qu'un quelconque présentateur sérieux acharné à sa tâche et particulièrement habile dans son domaine attribué. Sauf que le septième art, monsieur n'y va pas avec des pincettes, aussi sa copie, au pire bascule dans le hors voir non-sujet total, au mieux dépasse le fond de quelques pénibles foulées.
C'est quoi ce trip mégalomaniaque ? Nan, sérieusement, arrêt sur image un instant : papy Moati est seul à s'éclater dans son antre. On a voulu lui faire plaisir, à ce vieux monsieur pilier et référence du débat rasant ; mais il ne peut même plus faire illusion, ses ressorts semblants d'ailleurs comme éreintés aujourd'hui.
Trop dithyrambique, trop roublard, le brave assène des questions sans intérêt et ne sait même pas mener un débat, ni lui donner cohérence [interroger les invités un à un -et chercher à en rester là- pour traiter d'un même thème, c'est tout de même le pompon !].
Mais cette bouillie embourgeoisée reste une émission de plateau. Ainsi, ''Cinemas'' constitue un divertissement intéressant selon les intervenants, qui, c'est selon, essaient de créer un espace de débat, ou bien se font cirer les pompes et y vont à la blague poussive. C'est quand il apprend à se plier devant la motivation de son invité que l'émission de Moati nous importe. Mais entre deux congratulations d'un lyrisme pâteux, difficile de percevoir la voix de ceux-ci.
La forme n'est pas le seul problème. En vérité, cette émission n'apporte rien et s'auto-flagelle par son caractère insipide. Et si France5 croit ainsi attirer un nouveau public, qu'elle revienne sur sa réflexion, en face M6 dégaine l'arme fatale ''Accès privé'' quand TF1 sert son gros divertissement lourdaud [tiens, ''La ferme célébrités'' vient de reprendre, épicée façon ''Safari'' paraît-il !].
Avec son programme restreint pour ne pas dire étriqué -on en voit autant que sur les deux chaînes précédemment mentionnées, qu'on sait réputées pour leur audace, leur bon goût et leur éclectisme-, c'est jusqu'au titre qui vous ment sur la marchandise. En effet, le ''s'' y est de trop, ici on ne parle que des mastodontes. On reçoit Kad Merad [le mec qui ose, qui va vers des expériences intenses, baisse pas les bras, ouvre grand sa gueule quoi !], Miou-Miou [dont on fait l'éloge et un petit coup de rétro', vite mon Valium, l'euphorie me monte à la tête !], au mieux Yan Kounen [pour parler d'''Avatar''.]. Bonjour la diversité et surtout tapis rouge à la nouveauté ; Serge Moati est le Michel Drucker du cinéma. On applaudit bien fort...