RING [5+/10]
2sur5 Dans la catégorie « film-culte-et-phénomène-à-tel-point-qu'on-se-demande-toujours-pourquoi », Ring occupe une place d'honneur. Croisant la tradition du film de fantômes [que son existence tend à réanimer] et d'un cinéma occidental interrogeant son propre langage et sa propre identité, Ring est l'adaptation du premier volet d'une saga à succès en trois tomes, signée d'un auteur éminemment reconnu et maître dans son domaine.
Une K7 maléfique sème la terreur, tuant chacun de ceux qui la regarde. J'en fais trop ? Pas encore assez ? C'est malheureusement le cas également du film ; derrière ses grands arguments et son scénario a-priori malin, l'ensemble est aussi creux que linéaire.
Traitant notamment du rapport et de la fascination à l'image, Ring n'exploite jamais jusqu'au bout des thèmes recyclés qu'elle peine à faire passer pour siens. En surface, tout est séduisant, jusqu'à l'impeccable photographie. Alors que même elle, si elle sait proposer quelques tableaux somptueux, semble souvent terne.
Le plus étonnant dans Ring, c'est que le film semble adopter des méthodes américaines, qu'on aurait retrouvées par hasard transposées au Japon. Les effets sonores perce-tympans appuyant le fantastique chaque fois que celui-ci pointe son nez surprennent par leur insistance. La direction d'acteurs a quelque chose de pompeux, l'héroine principale notamment prenant régulièrement la pose. On passera sur l'humour nippon ; tout est en rapport avec la logique, écoutez bien les jokes de matheux...
Ring
est un film léché, riche en façade, mais qui, malgré une
narration intelligente et de jolis moments invitant à une copieuse
-mais superficielle- analyse théorique, nous épuise et nous ennuie
ferme à force de courir après ses modèles sans jamais douter de
soi.
Le contenu de la vidéo, assez surréaliste, offre ce qu'on recherchait nous-même, c'est-à-dire des images aptes à interpeller de par leur étrangeté, leur caractère baroque. Rien de notable cependant sur ce plan-là non plus. A moins, c'est bien connu, de se faire son film dans sa tête, on ne voit ni ne s'étonne de pas grand chose ; dans ce cas, on est en droit de se demander s'il est bien utile d'estimer Ring au-delà du statut du simple petit divertissement sympathique, fort en recyclage, mais trop paresseux, naif et paradoxalement clinquant pour imprimer de quelque manière que ce soit son empreinte dans notre esprit, puisqu'empreinte il n'a pas, trop impersonnel, trop-plein d'influences et de piochages de ci de là, digérés avec trop de diligence, pour cela.
Mais que l'on soit sceptique ou pas, préférons nous dire que seul compte le résultat ; car c'est le triomphe de Ring qui lança cette nouvelle ère du cinéma horrifique asiatique à la fin des 90's, pour des opérations souvent heureuses. De plus, le succès ne pouvant s'en tenir à cela, Ring aura sa suite puis son remake américain par un mec que personne ne connaît (la trilogie Pirates des Caraibes), et enfin son remake américain du deuxième épisode mais avec Nakata aux commandes ; sans compter qu'entre-temps, un certain Tsuturata a jugé bon d'enrichir la saga d'un sequel. Voilà, cinq films pour un seul et même objet, on pourraît douter un peu et trouver cela aberrant (à quand les serviettes et le nécessaire de toilette "ring" accompagné d'un slogan du genre "j'ai vu l'au-delà/7 jours pour y croire"), mais il faut se dire qu'effectivement les moyens ne comptent pas...
Ringu = 2sur5 Acteurs>3/5. Scénario>3/5. Dialogues>2-3/5. Originalité>2/5. Ambition/Intelligence du propos>3/5. Audace>2-3/5. Visuel/esthétique>3/5. Emotion>2/5.
Notoriété>2.513 notes sur AlloCiné
Votes du public>3.1/4 sur AlloCiné
Critiques presse>2.9/4 selon AlloCiné
Box office France>95.000 entrées (le public ne remarque pas le film à sa sortie)