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New PS - Sympathy for the Grotesque
13 décembre 2009

LOVE ACTUALLY [5/10]

 

2sur5 Richard Curtis, un des auteurs des cultes Quatre mariages et un enterrement (Mike Newell) et Coup de foudre à Notting Hill (Roger Michell) passe derrière la caméra pour la première fois avec Love Actually. Aujourd'hui, si on aime lire entre les lignes, on se rend compte qu'il reconnaît que sa première œuvre de réalisateur n'est pas son chef-d'oeuvre. C'était il y a six ans, le public avait adoré, et en 2009, Good Morning England est plébiscité de toutes parts.

 

lovea1Love Actually est un film de fin d'année, suffisamment consensuel pour séduire tout le monde, s'en remettant aux forces de l'amour, celui avec un grand comme un petit ''a'', pour tirer vers une forme de lyrisme qui peut laisser un peu froid, voir même suspicieux devant tant de bons sentiments ouvertement affichés comme synonyme d'allégresse et d'absolu.

 

Mais on aurait tort de réduire le film à sa simple démarche de cadeau de Noël politiquement correct. Malgré ses allures de Quatre mariages édulcoré, Love Actually n'est pas qu'un produit purement, simplement et définitivement lisse. Son parti-pris conformiste comporte aussi quelques bonnes facettes ; le casting prestigieux rend effectivement service à un film comportant quelques bons numéros d'acteurs.

 

loveactuallyC'est d'autant plus logique qu'en tant que film-choral, par nature, LA propose sa galerie de personnages, laissant alors à chacun l'occasion d'y trouver son compte. Soulignons d'abord la brève prestation de Robert Atkinson [l'incontournable Bean], curé de Quatre mariages, dans un rôle à la Monk. L'acteur est devenu une figure qu'on refaçonne selon le contexte. Le résultat est sympathique, jamais neuf dans le fond, et on regrette encore une fois de ne pas voir ce ''Monsieur-catastrophe'' s'il-en-est occuper davantage le terrain.

 

La performance de Hugh Grant est bien plus concluante. Premier ministre opportuniste, il se retrouve dans son habituel rôle de courreur de jupons étiqueté ''connard''. Comme quoi, là aussi, ce n'est jamais que le titre et la formule qui changent... Mais l'acteur constitue malgré tout, comme à son habitude, parmi ce que le film possède de plus sympathique. Manifestement pas prêt à tous les sacrifices pour sa nation ni à toujours bien garder pour elle sa tête sur les épaules, cet homme d'Etat peu conventionnel, plus ou moins taillé pour son poste, n'arbore pas le profil-type de la profession et semble être arrivé là ou il en est un peu trop vite. Et c'est là-dessus que le film séduit, sur ses décalages ; qu'un jeune premier envoie le président des Etats-Unis aux pelotes au péril de l'ordre international, c'est toujours bon à prendre, surtout si le film assume sa superficialité.

 

Mais le must, alors qu'effacer Hugh Grant relève de la gageure, c'est bien sûr de retrouver Bill Nighy en vieux chanteur cynique sabordant son come-back. Ses quelques apparitions, toutes jouissives, semblent comme offertes sur un plateau d'argent aux acariâtres de service peu à l'aise devant un spectacle balisé et politiquement correct. Loin encore de toute tentative de subversion, le film trouve cependant en la personne de Bill Mack plusieurs de ses véritables moments forts.

 

LOVEA2Richard Curtis a le mérite de ne jamais mentir sur les ambitions très mesurées de son film, assumant parfaitement son gentil côté tire-larmes. Si affirmer qu'il y a de quoi être ému serait beaucoup dire -et surtout mentir-, le tout est bien emballé et envoyé. Surtout, le réalisateur ne nous laisse pas de répit et enchaîne toutes ses histoires sans temps mort ni ralentis sur des émotions ou bavardages superflus.

 

Même les réfractaires ne s'ennuieront donc pas [enfin pas à chaque seconde, au moins pas une sur deux, ce qui est plutôt honnête] ! Car ce serait témoigner d'une mauvaise foi bien ancrée que d'affirmer qu'il n'y a pas matière sinon à s'amuser, du moins à y trouver son compte par petites touches régulières. Comment contester le talent de Curtis pour les dialogues, et l'écriture tout simplement puisqu'il est seul à l'assumer pour son propre film ?

 

On retrouve d'ailleurs cet humour conservant sa petite dose de méchanceté typiquement anglo-saxonne, cette propension aux contrastes qui n'hésitent pas à flirter avec le mauvais goût. Le film baigne davantage dans le souci de tout dépeindre de façon idyllique, ''magique'' comme peut l'être un père Noël courant sous la neige allègrement, la barbe en avant et un smiley jusqu'aux cieux, mais il possède de beaux-restes.

 

LOVEA3Le film se construit en fait sur ces mini-échappées pour se remplir de vie et ne pas sombrer dans la niaiserie. Nous aurons ainsi le droit à quelques situations cocasses comme le diapo à l'enterrement, les deux jeunes coincés se rencontrant sur un tournage porno... A des conventions tournées en ridicule -mais sans impertinence, qu'on se rassure dans les rangs-, comme l'oncle Jimmy qui arrive en famille... et finalement, cash, annonce qu'il ne pas rester, ayant certainement autre chose à foutre que partager la joie d'être ensemble avec ''les siens'', un crétin anonyme partant aux USA pour « péchô »... et rien d'autre, ou encore un Premier Ministre se retrouvant à faire du porte-à-porte en souhaitant un Joyeux Noël à ses concitoyens.

 

Tous ces arguments, aussi minimes ou éphémères soient-ils, contrebalancent positivement avec le ton général d'un film ou, de toute façon, tout ce petit monde, beau, guindé -si si !-, gentil ne sert que de prétexte à un énième « tout est bien qui finit bien, dansons au coin du feu, youkaidi youkaida », ce qui en soit n'a rien de nuisible, même dans sa vacuité confondante, mais a simplement tôt fait de nous ennuyer sinon de nous inspirer quelques sarcasmes, au cas ou l'éternel aspect forcé voir hypocrite de cet espèce de simulacre annuel vous épuiserait.

 

La dernière partie, pralineuse ou généreuse -c'est selon-, amènera viscéralement le public à trancher. Tempête de bons sentiments, mieilleuse à souhait, la conclusion est aussi fade que clinquante. Un final tout en amour ou l'Humanité toute entière est en osmose ; le Bonheur absolu, quoi ! Ou un simple artifice qui ne nous aura fait ni chaud, ni froid, ou plutôt successivement l'un et l'autre...


CE SOIR SUR TF1/20H50


loveactaafLove Actually = 2sur5. Acteurs>3/5. Scénario>2/5. Dialogues>3/5. Originalité>1/5. Audace>1/5. Visuel>2-3/5. Emotion>2/5.

Notoriété>88.257 votes sur IMDB (considérable) ; 6.941 notes sur AlloCiné (dépasse Bridget Jones)

Votes du public>7.9/10 sur IMDB ; 3.3/4 sur AlloCiné [55% de ''4'', 8% de ''1'' ou ''0'']

Critiques presse>2.0/4 selon AlloCiné

"Tandis qu'une voix off nous affirme que tout est amour, on voit, dans un aéroport, des couples, des parents, des enfants, des amis s'embrasser tendrement." Télérama


"Une british touch qui, bien qu'affadie, conserve son appréciable saveur aigre-douce" CinéLive

"Love Actually montre une Grande-Bretagne fantasmée : il y neige toujours à Noël, les Anglais, millionnaires, travaillent rarement, et leurs amis sont tous diplômés de Cambridge." Libération


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Commentaires
A
vraiment pas génial ce film st un peu trop plein de bons sentiments pour me plaire...
M
Très bonne histoire qui revient à la télé à chaque année pour le temps des fêtes. Bonne journée!
W
Une comédie sympathique, malgré la présence de Cuculapraline Knightley et neuneu Colin Firth, compensée par celle de Alan Rickman, Emma Thompson et Liam Neeson.
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