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New PS - Sympathy for the Grotesque
8 décembre 2009

LES GRIFFES DE LA NUIT / FREDDY I [5+/10]

2sur5 En 1984, Wes Craven offre au cinéma d'horreur une nouvelle figure culte, caution à des suites guère ambitieuses si ce n'est pour des meurtres et cauchemars tape-à-l'oeil. Incarné par un Robert Englund qui se freddy1retrouvera ainsi cantonné à celui-ci, le personnage de Freddy Krueger innove alors par son originalité, puisque l'un des premiers [et toujours des plus fameux] boogeyman en série de l'histoire du cinéma est loin du tueur froid et sans nom auquel le public a l'habitude de se trouver confronter.

 

En effet, Freddy Krueger est un croque-mitaine qui n'intervient que dans les rêves de ses victimes, d'ou l'atmosphère paranoïaque que dégagent ces Griffes de la Nuit. Le film demeure -chose rare- effrayant un quart de siècle après sa sortie, Wes Craven mixant fantastique et horreur pure [ces Griffes de la Nuit sont outrageusement violentes, ce qui ne sera pas tant le cas de sa flopée de successeurs] et invoquant une peur universelle puisque liée aux cauchemars d'enfance -et surtout à leur anticipation-.



Freddy Krueger - Les Griffes de la nuit 1 

Scènes majeures et mettant en scène le croquemitaine de légende


Aussi, la lutte contre Freddy apparaît impossible ; l'insomnie est la seule solution pour échapper à ce tueur tout-puissant à l'allure particulièrement terrifiante. Chaussé de son éternel chapeau, vêtu de son incontournable pull à rayures rouges et vertes [le choix de Craven aurait été guidé par le fait qu'il s'agit des couleurs réputées comme les plus agressives] et armé de ses gants et lames démesurées, Freddy arbore un visage brûlé, inhumain, qui le rend d'autant plus malsain. Indestructible, il va même jusqu'à s'auto-mutiler devant ses proies afin de les effrayer d'autant plus.

 

freddyZCar c'est la peur qui sert d'abord le bourreau. Wes Craven nourrit son personnage d'obsessions personnelles ; cauchemars infantiles, peur du noir et de l'abandon, le réalisateur traite, au-delà de la peur de s'endormir, de celle du passage à l'âge adulte. Adultes qui ici sont en-dehors, ne croient et ne pourraient croire à ces histoires que vivent leurs enfants. Or, c'est à cause de leurs méfaits que ces derniers subissent aujourd'hui Freddy. Cet héritage sera évoqué dans quelques suites et notamment le troisième opus, reconnu de façon générale comme l'une sinon la meilleure suite [c'est oublier la totale réussite de Freddy 7, avec Craven de nouveau aux commandes, une très maline entreprise de démystification].

 

fred2Malgré cela, le film peut laisser sur une impression mitigée, malgré ses qualités, sa proposition initiale et son principe de fond. Notamment à propos du personnage de Freddy lui-même ; si on reconnaît à Craven son imagination et sa foi en ce dernier [il a bien puisé dans sa propre enfance], Freddy en arrive à nous lasser tant l'argumentaire paraît limité. C'est d'abord un tueur sans raison, sans motifs, angoissant mais bientôt limité. Et lorsque sa genèse est dévoilée, on se trouve embarrassé, car si les explications mettent en relief la thématique masquée du concept, Freddy lui en sort presque vidé, débarrassé de ses particularités.

 

Surtout, c'est un tueur à qui il reste alors à créer un passé, histoire de lui apporter crédit et épaisseur, histoire aussi d'esthétiser un personnage culte qui pourtant à ce stade se contente d'inspirer des sueurs froides par sa qualité de croque-mitaine pervers [et qui se plaît à dire des conneries d'où certains dialogues qui frisent l'aberration...], mais ne nous marque pas outre-mesure ; finalement, le principe semble vite saturé et simple prétexte, futé, mais dont on a le sentiment d'avoir vite fait le tour.

 

Le problème des Griffes de la Nuit est de n'être qu'a-priori original, alors que dans le fond, le propos, bien que cohérent, laisse sur sa faim. Par ailleurs, Les Griffes n'évite pas les clichés du genre [tout en les validant et les consacrant, à une époque ou ils ne sont pas aussi implantés], d'abord en ce qui concerne ses adolescents naïfs -lesquels nous touchent peu-, bien que comme à son habitude Craven les exploitent avec un brio certain -mais sans encore les interroger-.

 

fredbaiMais l'essentiel est l'atmosphère, et l'idée de base de Freddy la rend, par moment, plutôt singulières. Cette ambiance propre doit évidemment énormément à des scènes de cauchemars réussies, quoique que parfois un peu ampoulées, et dont les candides entorses à la logique [baignoire sans fond, etc.] -car s'ils meurt en rêves le sort des personnages, c'est-à-dire la boucherie par laquelle ils passent, se manifeste dans la réalité- apportent un côté irréel assez sympathique, bien qu'aux allures un peu trop surannées ou somme toute d'une inventivité assez comprimée , presque empruntée, en tout cas surannée.

 

On est aussi un peu désolé de la sorte d'action effrénée un peu débile dans laquelle se confond parfois le film. Les effets sont impressionnants mais ne fonctionnent que sur le moment avant que leur accumulation ne tarisse notre angoisse.

 

Le reste du temps, soit les deux-tiers du film, Les Griffes de la Nuit se consacre à donner ses titres de noblesse à la série B, travail de Wes Craven dont l'oeuvre aurait pu ne pas sortir de l'ombre sans ses idées opportunes et souvent bien vues. D'ou des dialogues parfois insipides et un humour plutôt minable.

 

freddyyyomCar Freddy a un côté grand-guignol, s'exprimant ou apparaissant de façon grandiloquente. Il se trouve d'ailleurs être aussi affreux que vulgaire... On se dit que l'intention était bonne, mais le résultat ne convainc pas spécialement et s'avère quelque peu aboutir au bide. Cet aspect comique, les suites, plus que jouer avec, s'appuieront allègrement dessus, jusqu'à faire de Freddy un bouffon de l'horreur et de son univers celui d'un banal teen-movie ; ce sera le cas du second opus, puis du quatrième tout particulièrement.

 

johnSi le film semble échouer à de multiples niveaux et que son univers peut laisser de marbre, il faut avouer que l'ensemble reste honorable et que le timing, de toutes façons, est parfaitement maîtrisé. Bien qu'aillant un peu vieilli, Freddy sait toujours effrayer [la mort de Johnny Depp arrache tout de même un sourire], pourra étonner (à défaut d'inquiéter) peut-être plus que le premier opus d'Amityville et est d'un tout autre niveau que celui de la saga Vendredi 13. Divertissement sympathique, Les Griffes de la Nuit apparaissent comme une sorte de semi-échec ou de semi-réussite. Jamais complètement convaincant, Freddy ne nous a pas encore mis dans sa poche...

 

Les_griffesA Nightmare On Elm Street = 2sur5. Acteurs>2-3/5. Scénario>2-3/5. Dialogues>2/5. Originalité>2-3/5. Ambition/Intelligence du propos>2-3/5. Visuel/Esthétique>2-3/5. Audace>2-3/5. Emotion>2-3/5.

Notoriété>42.600 votes sur IMDB ; 1.900 notes sur AlloCiné

Votes du public>7.4 sur IMDB ; USA : 7.8 (metacritic) ; France : 8.3 sur AlloCiné [85% de 4 et 3]

Critiques presse>USA : 7.8 (metacritic)


IMPORTANT !!!

L'article abordant le remake et sa sortie prochaine mais indéterminée

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Commentaires
C
Oui, ça a un peu mal vieillit. Oui, ce n'est pas extrêmement sanglant (du moins, beaucoup moins que le remake). Mais j'ai trouvé la musique vraiment flippante et la réalisation excellente. Un grand classique de l'horreur pas aussi réussi que "Shining" ou plus vieux encore "Psychose" (dans le genre du "slasher"), mais un bon divertissement qui passe très vite !
P
Bonjour, oui je désingue et je suis un rageux POINT
M
N'importe quoi ! comment peu-t-on désinguer aussi facilement un classique de l'horreur. je voudrais savoir en quoi vous pouvez vous permettre de le dire "suranné" et "kitsch" ou parler de débilité et de ringardise pour ce qui est quand meme un chef d'oeuvre du genre reconnu dans le monde entier. Vous devez préférez le cinéma américain d'aujourd'hui pour déverser votre rage sur le vrai cinéma et la vraie qualité arrêtez d'écrire des conneries !
P
La palme revenant au 2e opus, puis au 4e, simple et vulgaire outil commercial
E
un classique du genre et le meilleur épisode de la saga Freddy, une franchise franchement inégale.
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