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New PS - Sympathy for the Grotesque
23 octobre 2009

MADEMOISELLE CHAMBON [6-/10]

chambon43sur5 « Tiens, voici le drame réaliste, chiant mais intimiste du moment ! » Cette pensée un peu bête et méchante vous a forcément traversé l'esprit. Difficile de se jeter la première pierre à la figure, d'autant que ceux qui sont fermés au genre ne doivent pas s'attendre à une profonde (r)évolution ici. Sauf que cette a-priori énième variation autour de l'amour impossible, bien qu'inégale, réussit à nous convaincre grâce à un regard délicat et évitant les excès emphatiques.

 

Distancié, le scénario l'est évidemment, mais pas forcément cette réalisation qui n'évite pas les lourdeurs ; mine de rien, cette dernière n'est pas si neutre ou austère qu'elle s'en donne l'air ; c'est une caméra bien subjective qui se met à avoir la tremblotte à un certain moment fatidique [celui ou les choses sont peut-être scellées].

 

chambon3Qu'on ne se leurre pas, Mademoiselle Chambon, s'il remporte finalement l'adhésion, l'obtient grâce non pas à un revirement mais un rééquilibrage, à une narration qui évite les accès dépressifs [se rappeller Je ne suis pas là pour être aimé, stérile et vain en bout de course] pour aboutir à un constat assez mélancolique, mais pas amer ou au contraire carrément confortable.

 

Car dans sa seconde partie, le film ne se contente pas de dénouements et de réponses rappelant aussitôt la french touch ; Brizé ose allez plus loin, franchit le point de non-retour, mettant en scène ses personnages pendant l'impasse et évitant ainsi de s'arrêter devant le moment ou la douleur est déjà enfouie et affaire du passé.

 

Alors que dans un premier temps, Brizé pose un cadre assez rassurant pour tout le monde, faisant preuve d'une maîtrise dans l'art de jouer des poncifs sans trop se reposer sur eux mais avec complaisance. Le réalisateur est alors trop démonstratif, s'étend quelque peu, semblant marcher sur un fil, et chose heureuse ne vacillant jamais, parvenant presque miraculeusement à faire illusion.chambon2

 

Mais le film insiste alors et plante trop bien son décors : la femme de Jean [au cursus scolaire sans doute à peine plus impressionnant que celui que son époux, est-on censé croire...] regarde Dechavanne, son père neurasthénique est branché sur Des chiffres et des lettres ; lorsqu'il présente son métier sur demande de la maîtresse, les enfant sont avides de le connaître, tant ils sont soudain intrigués par cette passion hors-du-commun...

 

Si la caméra s'attardera parfois encore à souligner certains instants inévitablement forts et bien corsé en émotions, le film évoluera cependant de son petit propos psycho-social un peu scolaire [dont la scène des pompes funèbres se démarque] à un plus gros plan sur cette passion qui ne peut se construire.

 

chambon1Leurs milieux les opposent et les rendent incompatibles [d'ailleurs lui manque de tact, quand elle fait preuve d'excès de modestie] ; ainsi, l'approche du maçon et de l'institutrice accouche de bavardages polis [et certainement attendus de la part du spectateur ; ce qui correspond assez au ton général de la première partie et ses -parfois- lieux communs], avant que leur communication ne devienne pleinement sincère et profonde que lorsqu'elle se partagera sans artifices ni mots superflus.

 

Le film doit beaucoup, peut-être presque tout ce qu'il est, à ses interprètes. A Vincent Lindon déjà, bien plus authentique et à l'aise dans des rôles dramatiques que dans des rôles d'écorchés aux frontières du surnaturel et connaissant quelques aléas avec leur identité [pour parler sans détours ça s'appelle La Moustache et c'est catastrophique...].

 

Mais à Sandrine Kiberlain surtout, instit sur tous les fronts en ce moment [il est vrai que c'est LE rôle qu'on a envie de lui coller] ; sauf que la gentille maîtresse adorée et un peu névrosée du Petit Nicolas [ça fait donc trois références, trois films de merde] ne vit pas dans un monde tout rose, mais avance ici vers une forme de fatalité, fait face à son vide. Surtout, le drame de cette Belle et de cette Bête, c'est aussi d'être adultes, et de ne plus pouvoir dépasser de ''leur'' cadre. Aussi, il ont cessé de courir après leurs rêves, c'est peut-être pour cela qu'on les perçoit comme des morts-vivants.


chambonafficheMADEMOISELLE CHAMBON=3sur5

 

Drame (France, 2009). De Stéphane Brizé. Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, Aure Atika. 1H41.

 

Acteurs>3/5. Scénario>2/5. Dialogues>2/5. Musique>3/5. Visuel/Esthétique>1/5. Originalité>2/5. Audace/Transgression/Provocation>2/5. Emotion>3/5. Réflexion/Intelligence du Propos>2/5.

PS : on ne "note" pas la réalisation ou le montage ici...

Notoriété>198 notes sur AlloCiné ; 31 votes sur IMDB

Votes du public>2.8/4 sur AlloCiné ; 6.9/10 sur IMDB

Critiques presse>
2.7/4 selon AlloCiné

En salles au moment de la diffusion de l'article.

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Commentaires
B
Bon par contre ça reste super chiant...
B
Pas mal, un peu lent, pas mémorable mais intelligent.
R
n'aime pas mais alors pas du tout!
P
Ah, Roro expressif mais va savoir, Roro aime ou pas ?
R
Sors de ce corps Claude Lelouch!
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