MULAN [7sur10]
3sur5 Inspiré de la légende de Hua Mulan, Mulan constitue une véritable petite révolution douce au sein de l'industrie Disney dont il est le trente-sixième accomplissement, et semble même prendre, en 1998, un tournant qui va influencer tout le cinéma d'animation jusqu'à aujourd'hui. Le féminismeentrepris par le film fait toute sa force ; par ailleurs, Mulan est une héroine qui brise le silence dans une société machiste étouffée par le poids des traditions. Elle affirme d'ailleurs son opposition et son rejet éprouvés face au ridicule des codes et à l'obsession du tout-pour-l'honneur qui motivent le milieu ou elle vit, milieu qu'elle n'a pas choisi.
Le dragon Moudjo est à l'image de cette évolution et de cette modernisation. Ce dragon un peu gauche, comme les autres animaux (le cricket et le cheval), nous sont sympathiques et n'avancent à aucun moment la moindre leçon de morale. A l'époque, c'est osé : le principal atout des héros est d'être drôle, et leur potentiel sympathie prime sur leur système de valeurs ; et il est vrai qu'on les préfère exubérant, inventif, plutôt que lisses et conservateurs. De plus, la verve langagière de Mushu fait mouche, et on s'y reconnaît bien plus que dans celle de n'importe quelle autre Disney.
Aujourd'hui, nous avons régulièrement le droit à ces héros décalés et politiquement incorrects, le summum ayant été atteint par Shrek, probablement le dessin animé de la décennie. Malheureusement, ces personnages pseudo-excentriques tendent à devenir consensuels et ne bousculent plus rien du tout ; c'est ce qu'annonçait par exemple le Chat Potté dans Shrek 2, et c'est notamment le cas du gros panda dans Kung Fu Panda, blockbuster de l'été 2008. Dreamworks prend donc ainsi très bien la relève d'un Disney qui lui curieusement tente de se rapprocher des préoccupations essentielles et avec une réelle impertinence (Wall-E) ; on nous propose ainsi des personnages sympathiques censés nous représenter, et en aucun cas des héros (im)pertinents...
Mais le mérite de Mulan est surtout, fondamentalement, d'être le tout premier Disney à révéler aux enfants que les bébés ne naissent pas dans les choux. Il va même beaucoup plus loin ! Ici, enfin, on fait référence sans gêne, via le Dragon Mushu, avec sous-entendus et sans vulgarité, aux attributs et orientations sexuelles. Par ailleurs, Mulan introduit carrément la notion de travestissement dans Disney (le terme ''travesti'' est quand à lui cité de façon récurrente).
Au-delà de toutes ces considérations, Mulan est avant tout un dessin animé au dessin de très grande qualité et au choix géographique forcément généreux et galvanisant. A noter justement l'assez somptueuse bataille en fin de film (dont Mulan se tire par astuce, grâce à son intelligence, au lieu de privilégier sa force, qui aurait été une arme dérisoire -aspect Mc Gyver du truc). L'humour est très présent, notamment grâce au Dragon, mais on soulignera aussi la réussite de nombreux gags visuels. Pour ce qui est des musiques, on les trouvera au moins convenables. A noter que certaines ont été nominées à de maintes reprises. On déplorera seulement un final un peu bâclé, plus politiquement correct, et décevant par certains côtés, et un traitement qui aurait gagné à être soit plus profond et fondamentalement grave, soit plus léger et plus clairement optimiste ; le dessin animé oscille en effet entre film pour enfants et film pour les plus grands, entre film qui fait rêver et film militant ; c'est plutôt bon signe, mais on semble s'arrêter en chemin. Dommage, un dénouement plus radical aurait pu propulser Mulan en chef-d'oeuvre absolu et oeuvre féministe totalement à part...
Une
suite est sortie en 2004, Mulan 2 : la Mission de l'Empereur,
90e production elle de l'industrie Disney.
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